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 à Johannesburg est presque  aussi élevé. 
 Le  résultat  de  cette  concurrence  aussi  stupide  que  
 maladroite  a  été  que  le  commerce  d’alimentation,  
 jadis si  prospère,  est  devenu impraticable et que  nous  
 ne  saurions  conseiller  à  personne  de  vouloir  s’en  
 occuper;  on  courrait  certainement  au-devant  d’un  
 échec  et  au  bout  de  peu  de  temps,  on  serait  obligé  
 de  liquider. 
 Ces  affaires  d’alimentation  sont  entre  les mains  de  
 puissantes  maisons  anglaises  ou  allemandes  dont  
 nous  devons  citer  comme  exemple  une  des  principales, 
   la maison Rolfes,  Nebel  et Ce. 
 MM.  Rolfes  et  Nebel,  tous  deux  allemands,  étaient  
 établis  commissionnaires  à  Paris  en  1885;  sans  
 grandes  ressources  financières,  ils  partirent  en  
 Afrique,  à  Kimberley,  pour  installer  une  maison  
 d’alimentation.  Petit  à  petit  leur  affaire  prospéra,  ils  
 agrandirent  leur  champ  d’action  en  créant  des  
 magasins  à  Port-Élisabeth,  à  Durban  et  à  Johannesburg. 
   Maintenant ces Messieurs  ont  la plus grosse  
 maison de  l’Afrique  du  Sud  et,  pour  donner une idée  
 de  leur  importance  commerciale,  ils  ont  expédié  
 l’année  dernière  pour  £  1.400.000  de  marchandises,  
 c’est-à-dire  35  millions  de  francs,  ce  qui  représente,  
 avec  les  frais  de  transport  et  la  douane,  plus  de  
 60 millions  de francs. 
 Ils  ont  entre  les  mains  la  plupart  des maisons  de  
 détail  et  les  bars  de  Johannesburg,  qu’ils  établissent  
 en leur faisant  des avances  garantie^par hypothèques  
 ou  autres  et  leur  imposent  ainsi  l’achat  de  leurs  
 articles.  Il  est  donc  impossible  de  lutter  à  armes 
 égales contre  ces négociants tout puissants,  ayant une  
 organisation  admirable,  obtenant  par  les  quantités  
 considérables  de  marchandises  qu’ils  achètent,  les  
 prix  lès  plus réduits,  et  entretenant  eux-mêmes  leurs  
 clients  par  les  crédits qu’ils leur  font. 
 A  voir  de  près  cette  maison,  on  est  pris  d’un  sentiment  
 d’admiration  et  d’envie;  mais  malheureusement  
 on  doit  avouer  qu’aucune  maison  française  
 n’est  de  taille  à  soutenir  la  comparaison.  En  face  
 de  ces  résultats,  les  Français,  eux,  ne peuvent  montrer, 
   que  quelques  sociétés  chancelantes,  se soutenant  
 à peine  par  des  augmentations  de  capital  que  les  bé  
 néfices ne  peuvent  rémunérer. 
 A  part  les  quelques  maisons  de  commerce  françaises  
 établies  à  Johannesburg,  de  nombreuses tentatives  
 ont  été  faites  pour  introduire  des  marchandises  
 et des machines  françaises.  La  compagnie  du Creuzot  
 a  obtenu  des  commandes  importantes  du  gouvernement  
 pour  des  canons  et  des  munitions.  La  compagnie  
 de  Fives-Lille  a  sur  place  un  ingénieur  qui  
 s’occupe  spécialement  des machines  pour  les  mines ;  
 cette  compagnie  a  également  entrepris  l’installation  
 des conduites d’eau  pour  le  compte  de  la  société des  
 eaux de Johannesburg,  dépendant  de  la Banque  française  
 de  l’Afrique  du  Sud;  elle  a  de  même  exécuté  
 divers  travaux  pour  le  compte  de  compagnies  subsidiaires  
 de  la  banque.  Quelques  autres  manufactures  
 françaises ont  également  envoyé  des  représentants et  
 il  faut  les  encourager  à  continuer  dans  cette  voie.  
 Les  usines  allemandes  ou  anglaises  entretiennent  
 foutes à  Johannesburg  des  ingénieurs  ou  des  agents  
 capables qui  peuvent,  possédant  tous  les  renseigne