Ce chiffre de £ 127.765 (3 millions de francs) est
loin de représenter la valeur exacte des marchandises
françaises importées dans la colonie, mais il est
impossible de déterminer exactement quelle est la
provenance de tous les articles par suite de l’habitude
prise par les commerçants anglais d’acheter directement
leurs marchandises à Londres. De plus, il n ’y a
pas de tarif différentiel suivant les provenances;
toutes les marchandises de même espèce payent les
mêmes droits, qu’elles soient françaises ou anglaises.
Aussi la douane du Cap ne tient-elle pas compte des
marchandises provenant d’Angleterre et introduites
sous une étiquette française telles que les cognacs ou
les spiritueux. Il est à la connaissance de tous que les
grosses maisons de Londres qui font l’exportation
dans toutes les parties du monde achètent en France
des énormes quantités de conserves, de vins, de
champagne, de produits alimentaires de tous genres
qu’elles font venir à Londres en transit pour les
réexpédier ensuite dans toutes les villes. Ces produits
ont donc l’air de venir d’Angleterre bien qu’en
réalité ils soient expédiés par la France. De même
pour la plupart des articles de modes, de mercerie, de
nouveautés, rubans, soieries, articles de Paris, les
maisons de gros de Londres achètent en France, mettent
en stock, et répartissent ces articles dans toute
leur clientèle. Il est donc fort difficile d’évaluer
même approximativement la totalité des articles
d’origine française importés au Cap. D’après les probabilités,
nous supposons que le montant total de
ces importations, y compris les 3 millions de francs
déclarés de provenance française, ne doit pas être
éloigné de 15 à 20 millions. Quelle que soit l ’importance
de ce chiffre, il est encore très inférieur si on
le compare à la part prise par l ’Allemagne et les
Etats-Unis. La France pourrait prendre une bonne
part dans 1 importation des articles suivants : Vêtements
confectionnés pour hommes et femmes ; la
confection française a un renom universel qui est
très justifié, les prix sont en général un peu élevés,
mais on remarque dans la partie une tendance à les
baisser pour se rapprocher de Berlin qui a pris
une place prépondérante dans cette fabrication. Les
bicyclettes; la France possède une réputation très
bien établie. Les chaussures; il y aurait surtout un
chiffre important à faire avec les chaussures de
dames. Le beurre et la margarine; on voit que sur
un chiffre de £ 152.840 la France ne figure que
pour £ 800 ce qui est infime (il est cependant probable
que la presque totalité des beurres vient de
France par l ’intermédiaire de Londres). Les bougies
en stéarine devraient avoir un écoulement plus considérable
bien que l ’on emploie presque exclusivement
les bougies de paraffine, moins chères et de provenance
anglaise ou hollandaise. Les fromages; mêmes
observations que pour les beurres. Coutellerie et
quincaillerie ; ^ ces articles très importants, puisque
leur importation s’est élevée à £ 759.000 en 1896
sont tous de provenance anglaise ou allemande, il
.y a évidemment une place importante à prendre par
la France, mais celle-ci ne peut être prise que par
1 introduction directe de ces articles, en créant des
magasins de détail et par l’envoi de voyageurs connaissant
la marchandise et pouvant sacrifier un