ne pouvons exposer dans le cadre restreint de cette
préface et dont notre expérience nous a depuis longtemps
démontré l’urgente nécessité.
Le gouvernement partage nos idées, il est animé de s
meilleures intentions, mais il est impuissant. Il constate
avec nous que dans bien des cas nous nous trouvons
sur un pied d’infériorité, soit à cause de l’exagération
des frais de transport à l’intérieur, soit par suite de
l’absence de communications directes avec beaucoup
de pays d’outre-mer, ou du manque de grands ports
pouvant servir de centres maritimes et rivaliser avec
certains ports étrangers qui nous font une si terrible
concurrence.
Oui, le gouvernement connaît cette situation, mais
il ne peut y porter remède en présence d’un Parlement
composé en grande partie de membres qui,
absorbés par le soin de leurs intérêts régionaux, en
sont arrivés à se désintéresser des questions commerciales
au point de ne pas se trouver en nombre pour
discuter des questions aussi intéressantes que celles se
rapportant à des services maritimes postaux (Voir Officiel
6 novembre 1897).
Mais ne perdons pas courage. Espérons que, grâce
aux efforts de tous ceux qu’intéresse le développement
de notre commerce extérieur, et qui protestent depuis
longtemps contre cette indifférence des pouvoirs publics,
et dont le nombre s’accroît tous les jours, espérons que
bientôt nous trouverons dans le Parlement lui-même
l’appui d’une majorité sérieuse.
Les encouragements ne nous font pas défaut. Ils
nous viennent de haut, non seulement de ceux qui en
qualité de membres du gouvernement ont charge de
veiller aux grands intérêts du commerce extérieur, mais
aussi du premier magistrat de la République, qui, après
avoir, comme député, présenté en 188-3-1887, les remarquables
rapports des budgets du Ministère du Commerce
pour 1884 et 1888, a prononcé de fîères et mémorables
paroles lors du banquet qui lui a été offert le 14 octobre
1897 par le Commerce et l’Industrie.
M. le Président de la République a dit en effet :
Les besoins et les ressources de pays, hier encore fermés
à tout contact européen, nous sont révélés par les explorateurs
et les missions que les gouvernements, les assemblées
commerciales, les associations industrielles et financières
envoient à l’envi de tous côtés. Déjà ces contrées préparent
l’outillage indispensable à l’exploitation de leurs richessès.
Chaque jour voit surgir des projets d’arsenaux, de ports, de
canaux, de chemins de fer et d’établissements d’Etats, de
villes ou de sociétés privées.
Il vous appartient, Messieurs, d’obtenir pour notre pays
une part aussi large que possible dans l’exécution de ces
projets qui réclament le concours de l’industrie européenne.
Sans perdre un instant, élancez-vous donc à la conquête
de marchés nouveaux. Fondez à l’étranger de nombreux
comptoirs, qui seront pour notre influence autant de foyers
de rayonnement. Favorisez l’émigration des capitaux, qui,
vivifiés et accrus par leur activité, feront retour à la métropole,
augmenteront sa richesse et développeront sa puissance
de consommation au profit de tous. Hâtez-vous enfin
de diriger vers ces régions à peine connues, encore inexploitées,
les efforts individuels et les initiatives privées,
sous peine de nous laisser devancer par nos concurrents
étrangers et de voir notre pays exclu du rang auquel ses
facultés et sa loyauté commerciale incontestée lui donnent
le droit de prétendre.