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 de  suite  que  l’occupation  anglaise  serait  la  ruine  du  
 commerce  et  de  tout  ce  qui  ne  dépendrait  pas  des  
 mines. 
 Maîtres  du  pays,  ils  commenceraient  par  donner  le  
 vote  à  tous  les  indigènes;  comme  ceux-ci  sont  
 employés  dans  les  mines,  on  les  forcerait  à  voter  
 pour  les  candidats  désignés,  qui  seraient  ainsi  les  
 domestiques  et  exécuteraient  tous  les  ordres  donnés  
 par  les  six ou  huit  chefs  de  groupes  qui  sont  directeurs  
 et maîtres  de  toutes  les mines  du Transvaal. 
 Alors,  on  prendrait toutes  les  mesures  destinées  à  
 favoriser  les  mines  et  les  personnes  y  intéressées.  
 Les  mines  feraient  leurs  importations  elles-mêmes,  
 comme  le  fait  la  De  Beers  Company,  à  Kimberley,  
 monopoliseraient tout  le  commerce pour leur  compte,  
 et  ruineraient  en  peu  de  temps  toutes  les  industries  
 indépendantes. 
 Le  meilleur  exemple  de  la  situation  future  du  
 Transvaal livré  aux Anglais,  est donné  par Kimberley  
 qui,  ville  riche  et  prospère,  comptant  30.000  habitants  
 à  l’époque  des  exploitations  isolées,  a  vu  ses  
 maisons  devenir  inutiles,  sa  population  tomber  à 
 15.000  âmes,  son  commerce  diminuer  de moitié,  dès  
 que  la  De  Beers  fut  fondée,  englobant  dans  un  syndicat  
 tout  puissant  la  presque  totalité  des  mines  de  
 diamants  de  la région. 
 Nous  croyons  que  nos  prévisions  se  réaliseraient  
 entièrement  dès  les  premiers moments,  et  à  part  les  
 dommages  et  les ruines  qui  seraient  causés  aux  commerçants  
 européens  et  français  établis  au  Transvaal,  
 il  faut  considérer  la  puissance  terrible  qui  serait 
 donnée  aux  quelques  personnes maîtresses  du  pays,  
 puissance  formidable  dans  les  mains  d’hommes  sans  
 scrupules. 
 Aussi,  nous croyons sincèrement  qu’il  est dans l’intérêt  
 bien  compris  des  Européens  de  désirer  le  statu  
 quo,  quelqu’imparfait qu’il  soit,  plutôt que  d’attendre,  
 avec  envie,  la prépondérance  anglaise,  qui,  une  fois  
 établie,  ne  permettrait  plus  à  personne  de  faire  son  
 chemin  et  de profiter du champ fertile  ouvert à  toutes  
 les  énergies  et  à toutes  les volontés. 
 Certes,  notre  opinion  serait  différente,  si  l’Angleterre  
 s’établissait  au  Transvaal  officiellement,  si  elle  
 y  introduisait  sans  favoritisme  la  grandeur  de  ses  
 libres  institutions,  en  donnant  à  chacun  la  liberté  
 personnelle  et  le  respect  de  la  liberté  d’autrui,  si  en  
 un mot,  le  gouvernement  anglais  n ’entrait  dans  ce  
 pays  que  pour  lui  donner  une  force  nouvelle  et  
 1 appui  moral  et  effectif de  son  intelligence  colonisatrice  
 et  commerciale.  Mais,  actuellement,  le  chauvinisme  
 anglais  est  encore  trop  ardent,  la  rancune  de  
 1 échec de  Jameson  trop vivace, le  gouvernement trop  
 inféodé  aux  Cécil Rhodes  et  consorts,  pour  que,  si la  
 conquête du Transvaal  se faisait,  il n ’y  eut  à  craindre  
 1 accaparement immédiat,  sous  les yeux du  gouvernement  
 anglais,  de toutes  les forces  vives  du  Transvaal  
 par  ce  syndicat dont la puissance  énorme  est  à  peine  
 soupçonnée  en France.