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   à  chercher  au  loin  une  situation  honorable  
 et  sérieuse,  au  lieu  de  la  laisser  s’étioler  et  se  flétrir  
 dans  les  bureaux,  l’Administration  ou  dans  les  carrières  
 libérales,  si.  encombrées,  que  nul  ne  peut  y  
 faire  sa  route  e ’il  n ’a  derrière  lui  d e s . influences  
 puissantes  pour  le  pousser,  l ’imposer  et  le  caser.  Il  
 n ’en  est  pas  ainsi  dans  la  lutte  commerciale;  le  
 champ  est  vaste  et  libre,  les  combats  y  sont  rudes,  
 mais  nul  n ’a  d’avantages  que  ceux  qu’il  sait  prendre ;  
 à  tous  la  récompense  est  promise,  et  tous  peuvent  
 l’obtenir.  Il  faut  du travail,  de  l’ordre  et  de  l ’honnêteté. 
   Ce  sont  là  des  qualités  bien  françaises.  Alors,  
 que  manque-t-il  donc?  Il  manque  l ’initiative  qui,  
 seule,  féconde!  Il  faut  par-dessus  tout  que  le  commerce  
 soit  placé  en  tête  et  non  pas  e n   queue  de  
 toutes  les  carrières;  que  les  nobles  et  les  jeunes  
 gens  riches  s’y  intéressent et  s’y mettent  eux-mêmes  
 avec  ardeur,  que  le  gouvernement,  tout  en  restant  
 dans  son  rôle,  protège  et  soutienne  les  initiatives  
 privées. 
 Sans  vouloir  être  aussi  pessimiste  que  les  auteurs  
 de  récents  ouvrages,  tels  que  :  A  quoi  tient  la supériorité  
 des Anglo-Saxons,  ou  le Danger  allemand,  nous  
 devons  cependant  insister  sur  la  nécessité  absolue  
 de  voir  le  commerce  français  reprendre  dans  le  
 monde la place  qu’il y  a tenue  si  longtemps ;  nous  ne  
 voulons  pas  faire  oeuvre  de  mauvais  Français,  et  
 montrer  un  parti  pris  ridicule  autant  qu’exagéré,  
 mais  il faut  avoir la franchise  de  reconnaître  l ’endroit  
 ou le  bât vous blesse,  et la meilleure marche  à  suivre  
 pour guérir un mal  est  d’abord de  le  connaître  à fond 
 pour  le  traiter  ensuite.  Faisons  de  même  pour  le  
 commerce  français  :  étudions  les  raisons  de  sa  décadence, 
   et  facilement nous  trouverons les  remèdes. 
 Pour  toute  personne  sans  parti  pris,  il  paraît  
 évident que,  au point de  vue  commercial  et politique,  
 de première  qu’elle était  dans le monde,  la France est  
 tombée au  troisième  rang,  après l’Angleterre  et l’Allemagne, 
   et  que,  si  elle  ne  tombe  pas  plus  bas,  c’est  
 parce  que  les  autres  États  européens  ne  peuvent  
 monter plus haut. 
 L’influence  d’une  nation  dans  le  monde  procède,  
 de  sa diplomatie  pour une  part,  mais  de  l’importance  
 de  son  commerce  extérieur  pour  la  plus  grande part,  
 Beaucoup  mieux  que  les  articles  de  journaux  et  les  
 discours  des  députés,  les  échanges  du  commerce  
 répandent  l’influence française,  entraînent à employer  
 des  articles  français;  les  étrangers  prennent  peu  à  
 peu nos  coutumes,  viennent  en  France,  aiment  notre  
 pays,  lui  achètent  et l’enrichissent. 
 Le  commerce  est  donc  la  pierre  fondamentale  de  
 l’influence,  et  si,  dans  le  monde,  la  nôtre  est  maintenant  
 passée  au  troisième  rang,  c’est  que  notre  
 commerce  est  resté  stationnaire,  tandis  que  celui  de  
 IAllemagne  et  celui  de  l’Angleterre  ont  progressé  
 chaque  année  à  pas  de  géant. 
 Pourquoi  notre  commerce  a -t-il  diminué? 
 i*  1°  Parce  que  trop  peu  de  Français  s’établissent  à  
 l’étranger ; 
 2°  Par  suite  du  manque  d’initiative  et  de  capitaux