d’entraîner l’Angleterre à déclarer la guerre au Trans-
vaal. Pour atteindre ce but ils imaginèrent plusieurs
moyens :
1° Les fameuses réformes;
2° La débâcle du marché minier;
3° La dépression du commerce.
La question des réformes a été assez discutée pour
que nous n ’y revenions pas ici. Lorsqu’ils eurent
compris que l ’Angleterre ne pouvait se lancer dans
une aventure dangereuse pour le triomphe de ces
réformes fort exagérées, les meneurs essayèrent
d’une autre corde. Après avoir soutenu le marché
minier par leurs achats constants, ils se mirent vendeurs,
précipitèrent la baisse qui atteignait au mois
d’avril 1897 des limites excessives : l’East Rand tombait
à 36 francs, les Rand Mines à £ 15. En agissant
ainsi sur le marché, ils voulaient effrayer le Trans-
vaal, lui montrer que sans eux, les mines d’or ne
pouvaient vivre , et obtenir ainsi les réformes
entières convoitées; pendant ce temps les menaces
de l ’Angleterre, sa démonstration navale à Lorenço
Marquez, faisaient reculer le Gouvernement de Pretoria
et rapporter diverses lois prises pour sa propre
sécurité. -
Mais les réformes n ’étaient pas encore faites ; une
dépression considérable fut exercée sur les affaires
de Johannesburg; les mines n ’achetèrent plus, n ’importèrent
que le strict nécessaire; on voulut encore
menacer le Transvaal par l ’accumulation des ruines et
des faillites continuelles.
Heureusement une détente se produisit ; le Transvaal
céda sur plusieurs points, nomma une commission
pour étudier les doléances, en partie justifiées,
de l’industrie. En Angleterre, les fêtes du jubilé
occupèrent pendant de longues semaines l’attention
publique, et le manque d’éléments excitants permit à
la situation de s’améliorer.
Actuellement, au moment où nous écrivons, une
autre politique a été préconisée et entreprise par les
meneurs tout puissants du marché et des mines.
Puisque, ont-ils pensé, ni la question des réformes,
ni. la baisse, ni la dépression commerciale que nous
avons causée, puisque toutes ces manoeuvres n ’ont
pu amener l’Angleterre à déclarer la guerre quand
même, à s’emparer du Transvaal, eh bien, faisons la
hausse, remettons le marché, en belle humeur, et à
la faveur du boom que nous allons faire, nous pourrons
émettre les 300 millions de francs qui nous sont
encore nécessaires ; puisque nous ne pouvons maintenant
nous emparer du Transvaal, attendons d’autres
circonstances, mais continuons à émettre nos actions.
Il ne faut donc pas se dissimuler que l’objectif continu
de toute cette haute banque puissante qui dirige
les destinées des mines, est toujours la main mise sur
le Transvaal. Il faut examiner cette éventualité et se
demander, si comme beaucoup de Français le croient,
le pays recevrait de ce chef une impulsion nouvelle,
et si 1 industrie et le commerce français en profiteraient
dans une plus grande mesure.
A première vue, la réponse est affirmative, et l ’on
dit : si les Anglais s’emparaient du Transvaal, les
droits de douane seraient réduits, les transports également,
il n ’y aurait plus de tripotages, de passe