dans les édifices publics, dans les monuments ; cependant
quelques villas sont fort belles. Le fameux Bar-
nato s’est fait planter un parc, le Barnato’s Park, et
fait construire une somptueuse résidence. Les monuments
sont rares, l’hôtel du gouvernement ressemble
à celui d’une sous-préfecture de quatrième ordre ; l’hôtel
des Postes qu’on bâtit ne sera pas non plus bien
magnifique. Les Boers tiennent, en effet, à confier leurs
travaux à des architectes boers, et ceux-ci n ’ont pas,
jusqu’à présent, réussi à égaler Mansard ou Garnier.
Quelques massives banques anglaises ont été érigées
Ces dernières années, et montrent de loin par leurs
clochers l’emplacement de la Bourse et de la place
du Marché, autrefois si pittoresque, avec les innombrables
chariots à douze ou seize boeufs ; maintenant
ceux-ci n ’y viennent plus, depuis que le chemin de
fer relie Johannesburg à toutes les directions.
Dans la journée, tout le mouvement se trouve concentré
autour de Market square, et between the chains
(entre les chaînes) barrant une rue, lieu de rendez-
vous pour la Bourse. Les autres rues ont un aspect
bien tranquille et provincial, et si l’on ne voyait passer
à chaque minute un nègre portant quelque paquet,
ou un cavalier coiffé du chapeau des cow-boys, on
se croirait dans une petite ville anglaise.
A six heures, toutes les affaires sont terminées ; les
magasins de détail ferment, et les rues deviennent
désertes.
Le soir, les distractions sont relativement nombreuses
; il y a en effet deux théâtres fort bons, dont
l’un joue les comédies et l’autre l’opéra pendant la saison,
plus deux ou trois cafés-concerts et un cirque.
Tous ces établissements de plaisirs font en général de
très bonnes affaires, et si la baisse des mines n ’était
venue restreindre les dépenses, les théâtres seraient
déjà bien plus nombreux; en 1895, on avait commencé
la construction de deux théâtres nouveaux
qui ont été laissés inachevés après la panique de
Jameson.
La société anglaise reçoit également et donne de
fort jolis bals, avec cotillons, bals masqués, etc., etc.
Mais il y a naturellement peu de dames à Johannesburg
; les habitants sont, pour la plupart, de jeunes
hommes arrivés pour tenter fortune, et n ’ayant pas
encore pu se marier ou n ’en ayant pas eu le loisir. Il
y a, par suite de cette pénurie de femmes, fort peu de
jeunes filles à marier, et je crois qu’il y aurait là un
débouché appréciable pour de nombreuses mamans
qui ne peuvent caser leurs filles à Paris.
Les dames de la société font, comme les dames font
partout, beaucoup de visites, de toilettes et de potins,
d’autant plus qu’elles se connaissent toutes entre elles.
Elles organisent des ventes de charité, des promenades
en bicyclette et d’innombrables afternoon-teas.
Les messieurs seuls ont comme distraction le Rand
Club parfaitement installé, et surtout beaucoup de
dîners, car le luxe de Johannesburg se mesure par
le nombre de dîners que l’on donne et que l’on
rend. Comme, en général, les messieurs sont mal
organisés pour recevoir chez eux, ils reçoivent au
cercle ou dans un hôtel et payent des prix tout à fait
exorbitants. Un dîner confortable coûte £ 3 par personne,
et si l’on veut bien faire les choses, il faut
payer 3 guinées 15sh, soit 100 francs; je cite, à titre de
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