« De sorte que le bénéfice du trafic direct qu’aurait
désiré d’ailleurs ce fabricant français et avec raison,
devient illusoire, et qu’il vaudrait presque autant pour
les voyageurs de commerce aller offrir immédiatement
leurs produits à Londres, au commissionnaire, plutôt
que d’en venir, à grands frais-, présenter les échantillons
au Cap.
« Est-ce à dire qu’il faut renoncer pour nous à faire
des affaires avec le Cap ou se contenter de voir sur ce
marché les seuls articles dont la France a, en quelque
sorte, le monopole, monopole qu’elle perd, d’ailleurs,
chaque jour par suite de fabrications similaires inaugurées
par d’autres pays?
« C’est ainsi qu’il existe des articles de mode provenant
de Paris, servant de modèles ou de types,
copiés plus ou moins servilement à Londres et même
au Cap, lesquelles copies, certainement de qualité
bien inférieure, mais d’apparence à peu près semblable,
étaient vendues à un prix infiniment inférieur à celui
de l’article de Paris. »
Cette opinion du consul est parfaitement exacte et
il serait absolument inutile de vouloir aller contre ces
habitudes.
Il nous paraît donc indispensable de revenir d’une
manière absolue au système d’introduction de nos
articles par l’intermédiaire de magasins français s’établissant
sur place. Il n ’y a jusqu’ici que deux ou trois
maisons françaises qui prospèrent. Les loyers (entre
£ 10 et 40 par mois) sont relativement bon marché, les
employés sont peu payés (£ 10 à 15 par mois) et les
frais généraux d’un magasin de détail ne seront pas
considérables. Par contre, les bénéfices, hors sur
certains articles spéciaux et de luxe, ne sont guère
plus élevés qu’ici; il faut faire, comme partout, un
certain chiffre d’affaires pour obtenir un bon résultat.
Nous croyons qu’il y a encore place pour les genres
de commerce suivants :
Produits alimentaires, vins, conserves et liqueurs,
magasins de mercerie, soieries, rubans, e tc ., articles
de Paris, petits bronzes, nouveautés, etc., chaussures
de damés, confections pour dames, gants et parfumerie,
confiserie, pâtisserie, quincaillerie et outillage,
un magasin de librairie et de papeterie française,
cafés, restaurants, un bon hôtel français, . . . .
etc., etc.
Nous n ’avons parlé dans cette liste que des genres
de commerce dans lesquels les Français ont une supériorité
incontestable. Mais au Cap, comme ailleurs, tous
les commerces sont bons et peuvent être entrepris,
seulement il y a une concurrence assez considérable,
et il est préférable de ne pas chercher à s’établir dans
un genre d’affaires où les Anglais sont actuellement les
presque seuls maîtres.
Établissement d’industries dans la colonie
du Cap. — A part ces magasins de détail qui peuvent
être créés dans la ville du Cap ou dans les villes principales
de la colonie, il faut surtout insister sur l ’importance
que pourraient avoir des fabriques de différents
articles établies dans ce pays. En effet, l’Afrique
du Sud, comme tout le démontre, est appelée à un
avenir commercial important, à présenter dans toutes
ses parties des débouchés considérables et, comme