quantités d’un même article, dont une partie seulement
est destinée au Cap, et le reste, réparti par lui dans
d’autres pays. Au centre des affaires du monde, il
connaît mieux qu’ici les cours, peut plus facilement
mettre en concurrence les fabricants et producteurs,
et acheter dans de meilleures -conditions que ne le
pourrait faire le négociant du Cap.
« Pour certains articles s’adressant spécialement à
la clientèle européenne : soieries, lainages, lingerie,
modes, confections, etc., le commissionnairé achète
des soldes à Londres, en fin de saison, et les écoule
dans l’hémisphère austral, envoyant à chacun des pays
qui se trouvent à contre-saison la part proportionnée
à sa consommation.
« Il y a aussi pour le négociant du Cap un avantage
à voir les achats, l’emballage et les expéditions centralisées
à Londres par une même personne, surtout
s’il s’agit de marchandises fines, délicates et chères.
Tel envoi du commissionnaire de Londres au négociant
du Cap renfermera très souvent des marchandises très
diverses, provenant de plusieurs producteurs, souvent
rivaux et d’origine nationale différente. Le négociant
du Cap est, si je puis m’exprimer ainsi, plus éclectique
en matière commerciale qu’aucun autre.
« La constitution sociale de la population blanche
de la colonie y prête encore, étant composée d’éléments
anglais et hollandais qui tendent chaque jour à se
fondre davantage en un élément colonial afrikan-
der.
. « Pour le commerce du Cap, l’origine nationale de
la marchandise n ’est qu’une considération d’ordre
secondaire.
« Il n ’a pour base que la qualité, le prix, les facilités
d’achat, de vente et de transport.
« Il a son agent, son représentant ou son commissionnaire
à Londres, parce que cet intermédiaire est
mieux placé que n ’importe qui et que n ’importe où
pour l’approvisionner dans les meilleures conditions,
et qu’ensuite, le Cap est desservi chaque semaine par
des lignes rapides de bateaux postaux sans compter
les bateaux intermédiaires et les autres compagnies.
« Il en résulte que le voyageur français qui vient
au Cap avec des échantillons et les meilleures références
se heurte à une fin de non-recevoir. On lui
répond invariablement : Nous ne traitons qu’avec
notre commissionnaire à Londres qui a le monopole
de l’achat de toutes les marchandises qui nous sont
nécessaires.
« Et même dans le cas où les produits offerts directement
au Cap présentent une telle supériorité de prix
et de qualité ou un tel attrait de nouveauté que le
négociant local se trouve en quelque sorte dans la
nécessité de les acheter, il a soin d’ajouter que l’affaire
ne se traitera pas en dehors de son agent de Londres.
« J’en puis citer l’exemple suivant : Une des maisons
les plus importantes de Cape-Town m’avait demandé
de la mettre en relations avec une fabrique française
pour des produits qu’elle pensait pouvoir obtenir dans
d’excellentes conditions dans notre pays.
« Je m’empressai de satisfaire à une telle demande,
malheureusement trop rare, mais je fus en même temps
prié d’avertir le fabricant français qu’il aurait à traiter
avec la maison du Cap par l’intermédiaire de cette
dernière à Londres.