ABS O R P T I O N DU T R AN S V A A L
Il est cependant certain que petit à petit, les Boers
seront submergés par le flot grossissant d’immigrants
de toutes nations, principalement anglais. Peu à peu,
cédant devant le nombre, pour vivre tranquilles, pour
faire faire à un pays si vivace les progrès nécessaires,
il leur faudra donner de plus en plus larges concessions,
accorder des franchises et des droits de vote de-
plus en plus étendus, et fatalement, l’absorption se
fera, sans secousse, par une pression lente et formidable
de la masse riche et travailleuse, sur les Boers-
pauvres, faibles, et peu nombreux. Le Transvaal
tombera, mais il aura été écrasé par le nombre.
Cette solution fatale ne présente pas les mêmes
dangers que la conquête immédiate du pays. D’ici làr
1 équilibre aura continué à régner entre les diverses
classes de la société, le commerce se sera développé
parallèlement aux entreprises minières, et il n ’y aura
plus le danger de l’accaparement entier des. affaires
par un syndicat. Alors les relations. continueront à
rester les mêmes, et il n ’y aura rien de changé, sauf
la différence de gouvernement.
Nous ne pouvons prévoir l’époque à laquelle se
fera cette transformation qui, avant de se terminer,
franchira différentes étapes. Mais nous pensons que-
cela ne saurait tarder de bien longues années, en présence
de l ’augmentation continue d’immigrants, du
développement des mines, du commerce et de toute
l’industrie.
En attendant, les Boers changent peu à peu, bien
lentement et avec regrets, les lois et les moeurs qui
leur sont reprochées si violemment dans la presse
anglaise. Au contraire, ils chargent de plus en plus
leur code de lois prohibitives de toutes sortes f ils
sentent déjà les premières atteintes du mal qui devra
les emporter, et croient l’éviter ou l’éloigner par des
précautions légales. Notre opinion est qu’ils ne changeront
rien à la marche régulière des événements et au
travail du temps, qui, lentement et d’une main sûre,
fera, mieux que toutes querelles ou menaces, l’apaisement
dans les esprits, l’union dans le travail, et
l’assimilation complète et définitive de tous les éléments
divers des populations du Transvaal, pour ne
faire qu’une race forte, intelligente et indépendante.