Rencontre
& dèfcription
it s Ptc forais.
tems pareil que décri voit le Pfalmifte en difant : nix, glati-
do y glacies, fpiritus procellarum. J’avois envoyé le 3 un
canot pour tâcher de découvrir un mouillage à la terre de
F eu , & on y en avoit trouvé un fort bon dans le Sud-
Oueft des îles Charles & Montmouth ; j’avois aulîi fait re-
connoître quelle étoit dans le canal la direâion des marées.
Je voulois avec leur fecours, & ayant la relTource
de mouillages connus, tant au Nord qu’au Sud, appareiller
même avec vent contraire : mais il ne fut jamais affez
maniable pour me le permettre. Au refie, pendant tout
le tems de notre-féjour ici nous y remarquâmes conflam-
ment que le cours des marées dans cette partie du détroit,
ell le même que dans la partie des goulets, c’efl-à-dire ,
que le flot porte à EEâ & l’Ebe à l’Ouefl:.
Le 6 après-midi, il y avoit eu quelques inflans de relâ-
ch ?, le vent même parut venir du Sud-Eff-, & déjà nous
avions defaffourché ; mais, au montent d’appareiller, le
vent revint à Oueft-Nord- Gueft avec des raffales qui nous
forcèrent de réaffouroher auflîtôr. 'Ce joür-là nous eûmes
à bord la viflte de quelques Sauvages. Quatre pirogues
avoient paru le matin-à la pointe du cap Galant, & après
s’y êtretenus quelques tems arrêtées, trois s’avancèrent dans
le fond de la baie, tandis qu’une voguoit vers la fregate.
Après avoir hérité pendant une demi-heure, enfin elle
aborda avec des Cris redoublés de Pécherais. Il y avoit dedans
un homme, une femme & deux enfans. La femme
demeura à la garde de la pirogue , l’homme monta feul à
bord avec «affez de confiance, & d’un air fort gai. Deux-
autres pirogues fuivirent l’exemple de la première , & les
hommes entrèrent dans la frégate avec les enfans. Bientôt
ils y forent fort à leur aife. On les rit chanter, danfer, entendre
des infirumens, & fur-tout manger, ce dont ils s’acquittèrent
avec grand appétit. Tout leur étoit bon 5 pain,
viande falée, fuif, ils dévoroient ce qu’on leur préfentoit.
Nous eûmes même affez de peine à nous débaraffer de ces
hôtes dégoûtans & incommodes, & nous ne pûmes les déterminer
à rentrer dans leurs pirogues qu’en y faifant porter
à leurs yeux des morceaux de viande falée. Ils ne témoignèrent
aucune furprife ni à la vûe des navires, ni à
celle des objets divers qu’on y offrit à leurs regards ; c’eft
fans doute que pour être furpris de l’ouvrage des arts, il
en faut avoir quelques idées élémentaires. Ces hommes
bruts traitoient les chefs-d’oeuvre de l’indùftrie humaine,
comme ils traitent les loix de la nature & fes phénomènes.
Pendant plufieurs jours que cette bande paffa dans le
port Galant, nous la revîmes fouvent à bord & à terre.
Ces Sauvages font petits, vilains, maigres, & d’une
puanteur infupportable. Ils font prefque nuds, n’ayant
pour vêtement que de mauvaifes peaux de loups marins
trop petites pour les envelopper, peaux qui fervent également
& de toits à leurs cabanes & de voiles à leurs pirogues.
Ils ont auffi quelques peaux de guanaques, mais en
fort petite quantité. Leurs femmes font hideufes & les
hommes femblent avoir pour elles peu d’égards. Ce font
elles qui voguent dans les pirogues, & qui prennent foin
de les entretenir, au point d’aller à la nage, malgré le
froid, vuider l’eau qui peut y entrer dans les goémons qui
fervent de port à ces pirogues affez loin du rivage; à terre,
elles ramaffent le bois & les coquillages, fans que les hommes
prennent aucune part au travail. Les femmes même
qui ont des enfans à la mammelle, ne font pas exemptes
de ces corvées. Elles portent fur le dos les enfans pliés
dans la peau qui leur fert de vêtement. V ij