Paix feite
avec les Insulaires.
Appareillage
de l’Etoile,
Cependantlorfque le jour étoit venu, aucun Indien 11e
s’étoit approché du camp , on n’avoit vu naviguer aucune
pirogue, on avoittrouvé lesmaifons voifin.es abandonnées,
tout le pays paroiiToit un defert. Le Prince de Naflau , lequel
avec quatre ou cinq hommes feulement s’étoit éloigné
davantage , dans le deffein de rencontrer quelques in-
fulaires & de.les raffiner, en trouva un grand nombre
avec Ereti environ à une lieue du camp. Dès que ce chef
eut reconnu-M- de Naflau , il vint à lui d’un air concerné.
Les femmes éplorées fe jetterent à fes genoux , elles lui
baifoient les mains en pleurant & répétant plufieurs lois :
Tayo , maté, vous êtes nos amis & vous nous t u e A force
de carèffes & d’amitié il parvint à les ramener. Je vis du
bord une foule de peuple accourir au quartier: des poules,
des cocos, des régimes de bananes embellifloient la marche
& promettoierit la paix. Je defcendis auffi-.tôt avec
un affortiment d’étoffes de foie & des. outils de toute efl-
pece 3 je les diftribuai aux chefs , en leur témoignant ma:
douleur du defaftre arrivé la veille & les affûtant qu’il fe-
roit puni. Les bons infulaires me comblèrent ,de careffes ,.
te peuple applaudità la réunion,:& en peu de temsla foule:
ordinaire & les filoux revinrent à notre quartier qui ne
reffembloit pas mal à une foire. Us apportèrent ce jour &
le fuivant plus de rafraîchiffemens que jamais. Ils demandèrent
aufli qu’on tirât devant eux quelques coups de fufil 3;
ce qui leur .fit grand peur , .tous les animaux tirés ayant
été tués roides-
Le canot que j’avois envoyé pour reconnoître le côté,
du Nord, étoit revenu avec la bonne nouvelle qu’il y
avoit trouvé un très-beau paffage. Il étoit alors trop tard,
pour en profiter ce même jour 3 la nuit s’avançoit. Heurëufement
elle fut tranquille à terre & à la mer. Le 14
au matin , les vents étant à l’Eff, j’ordonnai à l’Etoile, qui
avoit fon eau faite & tout fon monde à bord, d’appareiller
,&defortirpar la nouvelle paffeduNord. Nous ne pouvions
mettre à la voile par cette paffe qu’après la flûte mouillée
au Nord de nous. A onze heures elle appareilla fur une
hauffiere portée fur nous, je gardai fa chaloupe & fes
deux petites ancres 3 je pris aufli à bord, dès quelle fut
fous voiles , le bout du cable de fon ancre du Sud-Efl:
mouillée en bon fond. Nous levâmes alors notre grande
ancre, allongeâmes les deux ancres à jet, & par ce moyen
nous reliâmes fur deux groffes ancres & trois petites. A
deux heures après midi nous eûmes la fatisfaélion de découvrir
l’Etoile en-dehors de tous les récifs. Notre fitua-
tion dès ce moment devenoit moins terrible; nous v e nions
au-moins de nous aflurer le retour dans notre patrie,
•en mettant un de nos navires à l’abri des accidens. Lorfque
M. de la Giraudais futau large , il me renvoya fon canot
avecM. Lavari Leroi qui avoit été chargé de reconnoître
la pafle.
Nous travaillâmes tout le jour& une partie de la nuit à
finir notre eau , à déblayer l’hôpital & le camp. J’enfouis
près du hangard un a£le de prife de poffeflion infcrite fur
une planche de chêne avec une bouteille bien fermée &
luttée contenant les noms des Officiers des deux navires.
J’ai fuivi cette même méthode pour toutes les terres de-
couvertes dans le cours de ce voyage. Il étoit deux heures
du matin avant que tout fût à bord 3 la nuit fut affez ora-
geufe pour nous caufer encore de l’inquiétude , malgré la
quantité d’ancres que nous avions à la mer.
Le 15 à fix heures du matin, les vents étant de terre &
Infcription
enfouie.
Appareillage
de la Boudeur