Obfervations
aftronomi-
ques & météorologiques.
144, v u x a u- t
vandiers, & on échoua notre chaloupe qui avoit befoirt
d’un radoub. Nous padâmes le relie du mois de Décembre
dans cette baie où nous fîmes fort commodément
notre bois& même des planches. Tout y facilitoit cet ou-.
vrage; les chemins fe trouvoient pratiqués dans la forêt,
& il y avoit plus d’arbres abattus qu’il ne nous en falloir,
relie du travail de l’équipage de l'Aigle en 1765. Nous y
avons aulîi donné demi-bande & monté dix-huit canons.
L’Etoile eut même le bonheur d’étancher fa voie 4 çau, laquelle
depuis le départ de Montevideo étoit tout auffi
conüdérable qu’avant fa demi-carène à la Encenada. En
élevant tout-à-fait fon devant & levant quelques planches
de fon doublage, on trouva que l’eau entroit par l’écart
de fon étrave qui effc de deux pièces. L’on y remédia , &
ce fut pour toute la campagne un grand foubgement à
l’équipage de cette flûte qu’écrafoit l’exercice journalier
de la pompe.
M. Yerron avoit dès les premiers jours établi fes inlfrumens
fur l’îlot de l’Obfervatoire ; mais il y palfa vainement
la plus grande partie de fes nuits. Le ciel de cette
contrée , ingrat pour l’Alfronomie, lui a refufé toute ob-
fervation de longitude ; il n’a pu que déterminer par trois
obfervations faites au quart.de cercle la latitude audrale
de l’îlot de 5 3 d 5 o ' 2 5 Il y a auffi déterminé l’établifle-
ment de l’entrée de la baie de ooh 59'. La mer n’y a jamais
marné plus de dix pieds. Pendant notre féjour ici,
le thermomètre a communément été entre 8 & 9d, il a
baille jufqu’à 5d, & le plus haut qu’il ait monté, a été à
1 2 d & demi. Le foleil alors paroiflbit fans nuages, & fes
rayons peu connus ici faifoient fondre une partie de la neige
fur les montagnes du continent. M. de Commerçon, accompagné
a u t o u r d u M o n d e . 14«
compagné de M. le Prince de Nafîau, profitait de ces
journées pour herborifer. Il falloit vaincre des oblfacles
de tous les genres, mais ce terrein âpre avoit à fes yeux
le mérite de la nouveauté, & le détroit de Magellan a.en-
richi fes cahiers d’un grand nombre de plantes inconnues
& intéreffantes. La chaffe & la pêche n’ étoient pas auffi
heureufesj jamais elles n’ont rien produit, & le feul quadrupède
que nous ayons vu ici a été un renard prefque
femblable à ceux d’Europe, qui fut tué au milieu des travailleurs.
Nous fîmes auffi plufieurs tentatives pour reconnoître
les côtes voifines du continent & de la terre de Feu ; la
première fut infruélueufe. J etois parti le 22 à trois heures
du matin avec MM. de Bournand & du Bouchage dans l’intention
d’aller jufqu’au cap Holland & de viliter les mouillages
quipourroient fe trouver dans cette étendue. A notre
départ il faifoit calme & le plus beau tems du monde. Une
heure après il fe leva une petite brife du Nord-Oued, &
fur-le-champ le vent fauta au Sud - Oued, grand frais.
Nous luttâmes contre pendant trois heures , nageant à
l’abri de la côte , & nous gagnâmes avec peine l’embouchure
d’une petite riviere qui fe décharge dans une anfe
de fable protégée par la tête orientale du cap Forward.
Nous y relâchâmes, comptant que le mauvais tems ne fe-
roit pas de longue durée. L’efpérance que nous en eûmes
ne fervit qu’à nous faire percer de pluie & tranfîr de froid.
Nous avions condruit dans le bois une cabane de branches
d’arbres pour y palier la nuit moins à découvert. Ce
font les palais des naturels de ce pays ; mais il nous man-
quoit leur habitude d’y loger. Le froid & l’humidité nous
chafferent de notre gîte, & nous fûmes contraints de nous
T
Defcription
de cette partie
du détroit.