1767.
Juillet.
Mauvais procédés
du Vi-
ceroi à notre
czard.
étoit deftinée, difoit-on, à efcorter un convoi de troupes
& de munitions à Rio-grande & à la colonie du Saint-
Sacrement. Ces hoftilités & ces préparatifs nous donnoient
lieu d’appréhender que leViceroi ne voulût arrêter le Diligent,
lequel étoit en carène fur l’île de las Cobras , & nous
accélérâmes fon armement le plus qu’il nous fut poffible.
Effeêiivement il fut en état le dernier jour de Juin de
commencer à embarquer les cuirs de fa cargaifon ; mais
lorfqu’il voulut, le 6 Juillet, embarquer fes canons qu’il
avoit, pendant fon radoub, dépofe fur 1 île aux Couleuvres
, le Viceroi défendit de les lui livrer, & déclara quil
arrêtoit le vaiffeau, jufqu à ce qu’il eût reçu des ordres de
fa Cour au fujet des hoftilités commifes à Rio-grande. Don
Médina fit à ce fujet toutes les démarches convenables ,
ce fut en vain le Comte d Acunha ne voulut pas meme
recevoir la lettre que le Commandant Efpagnol lui envoya
par un Officier de fon bord.
Nous partageâmes la difgrace de nos allies. Lorfque,
d’après la parole réitérée du Viceroi, j’eus conclu le marché
pour l’achat d’un fenault, fon Excellence fit défendre
au vendeur de me le livrer. Il fut pareillement défendu
de nous laiffer prendre dans le chantier royal des
bois qui nous étoient nécelfaires & pour lefquels nous
avions arrêté un marché il me refufa enfuite la permif-
fion de me loger avec mon Etat major, pendant le tems
qu’on feroit à la frégate quelques réparations effentielles,
dans une maifon voifine de la ville que m’offrit le propriétaire,
& que le Commodore Byron avoit occupée ,
lors de fa relâche dans ce port èn 1765. Je voulus lui faire
à ce fujet & fur le refus du fenault & des bois, quelques
re^réfentations. Une m’en donna pas le tems; &,auxpremiers
mots que je lui dis, il fe leva avec fureur, m’ordonna
de fortir ; & piqué fans doute de ce que, malgré fa
colere, je reffois affis de même que deux Officiers qui
m’accompagnoient, il appella fa garde ; mais fa garde,
plus fage que lu i, ne vint pas & nous nous retirâmes
fans que perfonne parût s’être ébranlé. A peine fûmes-
nous fortis, qu’on doubla la garde de fon palais, on renforça
les patrouilles & l’ordre fut donné d’arrêter tous les
François qu’on trouveroit dans les rues après le coucher
du foleil. Il envoya dire auffi au Capitaine du vaiffeau
François de quatre canons d’aller fe mouiller fous le fort
de Villagahon, & le lendemain je l’y fis remorquer par
mes canots.
Je ne fongeai dès-lors qu’à me dilpofer au départ,
d’autant plus que tes gens du pays que nous fréquentions,
avoient tout à craindre du Viceroi. Deux Officiers Portugais
furent la viélime de leur honnêteté pour nous ; l’un
fut mis au cachot dans la citadelle -, l’autre envoyé en
exilà.^Wa, petit bourg entre Sainte-Catherine & Rio-
grande. Je me hâtai de faire notre eau , de prendre à bord
de l’Etoile les provifions dont je ne pouvois me paffer,
& d’embarquer des rafraîchiffemens. J’avois été forcé
d’augmenter la largeur de mes hunes, & le Commandant
Efpagnol me fournit le bois néceffaire pour cette opération,
& qu’on nous avoit refufé aux chantiers. Je m’é-
tois auffi muni de quelques planches dont nous ne pouvions
nous paffer, & qu’on nous vendit en contrebande.
Enfin le 12, tout étant prêt, j’envoyai un Officier prévenir
le Viceroi que j’appareillerois au premier vent favorable.
Je confeillai auffi à M. d’Etcheveri, commandant
1 Etoile du matin, de ne s’arrêter à Rio-Janéiro que le
terImlsi nnoenuts déà
partir de Rio-
Janéiro.