Sur le mouillage
dans cet-
te-boie,
côté de la plaine eft défendu par une citadelle. Plufteurs
batteries protègent le côté de la mer & le mouillage. Il y
en à même une au fond de la baie fur une île fort petite
appellée l’Ile aux François. Le mouillage de Montevideo
eft'sûr, quoiqu’on y effuie quelquefois des pamperos, qui
font dés tourmentes de vent de Sud-Oueft , accompagnées
La relâche y
eft excellente
pour les équipages.
d’orages affreux. Il y a peu de fond dans toute la
baief on y mouille par trois, quatre & cinq braffes d’eau
fur une vafe très-molle , où les plus gros navires marchands
s’échouent & font leur lit fans fouffirir aucun dommage
; mais les vaiffeaux fins s’y arquent facilement & y
dépériffent. L’heure des marées n’y eft point réglée | félon
le vent qu’il fait, l’eau eft haute ou baffe. On doitfe
méfier d’une chaîne de roches qui s’étend quelques encablures
au large de la pointe de l’Eft de cette baie; la mer
y brife , & les gens du pays l’appellent la Pointe des charrettes.
HH jg E
Montevideo a un Gouverneur particulier, lequel eft
immédiatement fous les ordres du Gouverneur general de
la province. Les environs de cette ville font prefque incultes
& ne fourniffent ni froment ni mais ; il faut faire
venir de Buenos-Aires la farine, lebifcuit & les autres
provifions néceffaires aux vaiffeaux. Dans les jardins,
foit de la ville, foit des maifons qui en font voifines, on
ne cultive prefque aucun légume ; on y trouve feulement
des melons, des courges, des figues, des pêches , des
pommes & des coins en grande quantité. Les beftiaux y
font dans la même abondance que dans le refte de ce pays ;
ce qui joint à la falubrité de l’air, rend la relâche à Montevideo
excellente pour les équipages; on doit feulement y
prendre fes mefurcs contre-la dcfertion. Tout y invite, le
matelot, dans un pays où la première réflexion qui le frappe
en mettant pied à terre, c’eft que l’on y vit prefque
fans travail. En effet comment réfifter à la comparaifon
de couler dans le fein de l’oifiveté des jours .tranquilles
fous un climat heureux, ou de languir affaifférfous le poids
d’une vie conftamment laborieufe, & d’accélérer dans les
travaux de la mer les douleurs d’une vieilleffe indigente ?