ces pirogues il y avoit une tête d’homme fculptée; les
yeux étoient de nacre, les oreilles d’écaille de tortue , &
la figure reffembloit à un mafque garni d’une longue barbe.
Les levres étoient teintes d’un rouge éclatant. On
trouva dans leurs pirogues des arcs, des fléchés en grand
nombre, des lances, des boucliers, des cocos, & plufieurs
autres fruits dont nous ne connoilfions pas l’efpece, de
l’areke, divers petits meubles à l’ufage de ces Indiens, des
filets à mailles très-fines artiftement tiflus, & une mâchoire
d’homme à demi grillée. Ces infulaires font noirs
& ont les cheveux crépus qu’ils teignent en blanc, en
jaune & en rouge. Leur audace à nous attaquer, l’ufage
de porter des armes offenfives & défènfives, leur adrefle
à s’en fervir, prouvent qu’ils font prefque toujours en état
de guerre. Au relie, nous avons obfervé dans le cours de
ce voyage, qu’en général les hommes negres font beaucoup
plus médians que ceux dont la couleur approche de
la blanche. Ceux-ci font nuds, à l’exception d’une bande
de natte qui leur couvre les parties^ naturelles. Leurs boucliers
font d’une forme ovale, faits de joncs tournés les
uns au-deflus des autres, & parfaitement bien liés. Ils
doivent être impénétrables aux fléchés. Nous avons nommé
la riviere & l’ance d’où font fortis ces braves infulaires
, la riviere des Guerriers ; 1 île entière & la baie, île &
baie Choijeul. La prefqu'île du Nord eff entièrement couverte
de cocotiers.
Defcriptiori
des infulaires.
Il venta peu les deux jours fuivans. Après être fortis du
paffage nous découvrîmes dans l’Oueft une côte longue
& montueufe , dont les fommets fe perdoient dans les
nues. Le 2 au foir nous voyons encore les terres de i ’île
Choifeul. Le 3 au matin nous ne voyions plus, que la noti-
Suite de nos
découvertes.