Sa bâture.
Mouillage
dans la baie de
Poffeflion.
114 . V O y A GE
Sa pointe eft dangereufe par une bâture qui s’étend dans
le Nord-Eft du cap , au-moins à trois lieues au large ; j’ai
vu fort diftinélement la mer brifer deffus. A une heure
après midi le vent avoit pafié au Nord-Nord-Oueft , &
nous en profitâmes pour faire bonne route. A deux heures
& demie nous étions parvenus à l’entrée du goulet -, un
autre obftacle nous y attendoit : j amais avec un bon frais
de vent & toutes voiles dehors, nous ne pûmes refouler
la marée. A quatre heures elle filoit près de deux lieues
le long de notre bord, & nous culions. En vain perfifta-
mes-nous à vouloir lutter. Le vent fut moins confiant que
nous, & il fallut rétrograder. 11 étoit à craindre de fe trouver
en calme dans le goulet expofés aux courans des marées
qui pouvoient nous jetter fur les bâturesdes caps qui
en font l’entrée à l’Eft & à l’Oueft.
Nous gouvernions au Nord- quart-Nord-Eft pour venir
chercher un mouillage dans le fond de- la baie de Pof-
feffion , lorfque l’Etoile qui étoit plus à terre que nous ,
ayant paffé tout d’un coup de vingt brades de fonda cinq,
nous arrivâmes vent arriéré le cap à l’Eft, pour nous écarter
d’une bâture qui paroiffoit régner au fond & dans tout
le circuit de la baie. Pendant quelque tems nous ne trouvâmes
qu’un fond de rocher & de cailloux f & ce ne fut
qu’à fept heures du foir, qu’étant fur vingt brades fond
de fable vazeux & de graviers noirs & blancs, nousmouil-
lâmes environ à deux lieues de terre. La baie de Poffef-
fion eft ouverte à tous les vents & n’offre que de très-
mauvais mouillages. Dans le fond de cette baie s’élèvent
cinq môndrains dont un eft affez confidérable , les quatre
que j’ai nommés les quatre fils Aimond, porte, on eft parle travers de cette bâ-
n’en oftrent que deux en forme de ture.
autres font petits & aigus. Nous les avons nommés lepere
& les quatre fils Aymond;i\s fervent de remarque effentielle
dans cette partie du détroit. Pendant la nuit on fonda
aux divers changemens de marée , fans trouver de différence
fenfible dans le braffeiage. A huit heures & demie
du foir elle reverfa fur l’Oueft, & fur l’Eft à trois heures
du matin.
Le 8 au matin nous appareillâmes fous les quatre voiles
majeures, ayant deux ris dans chaque hunier ; la marée
nous etoit contraire , mais nous la refoulions avec un bon
frais de Nord-Oueft (1). A huit heures les vents nous re-
fuferent & il fallut louvoyer, effuyant de tems à autre
de violentes raffales. A dix heures la marée ayant commencé
à porter à l’Oueft avec affez de force, nous mîmes
en panne fous les 'huniers à l’entrée du premier goulet,
nous laiffant dériver au courant qui nous emportoit dans
le vent & virant de bord, lorfque nous nous trouvions
trop près de l’une ou de l’autre côte. Nous paffâmes ainfi
en- deux heures le premier goulet (2) , malgré le vent qui
étoit direftement debout & très-violent.
Ce matin les Patagons, qui toute la nuit avoient entretenu
des feux au fond de la baie de Poffedion, éleverent
un pavillon blanc fur une hauteur , & nous y répondîmes
en virant celui des vaiffeaux. Ces Patagons étoient fans
(1)premi erL ogrofquule’ot,n ivl ecuotn vdioennnt edre draannsg eler
penuivsi rogno.uàv eurnnee rl ieufuer lel ec aSp uPdo j-f eqfiuîaornc -,
tSruopd -tOomuebfet,r pSruedn aàn tc aguafred ed ed el an eb pâtouirnet
Squudi -sO’aulleofntg deu N ord-Nord-Eft, & Sud- lieues. cap d'Orange plus de trois
(a) Le premier goulet gît Nord-
pNlousrd d-eE tfrto &is lSieuude-sS udde -loOnugeufet,u irl. nS’aa plaars
geur varie d’une lieue à une lieue &
demie. J’ai prévenu fur la bâture du
cap d’Orange. En fortant du premier
goulet, il y en a deux autres moins
Eétlelensd su’aelsl ofnugr ecnht al’cuunnee & d le’a cuètrse paoui Snuteds-.
lOetu.eft. Il y a grand fond dans le gouPaflage
du
plerte.mier goutaVgounes
,des Pa