Précautions
prifes : conduite
des infu-
iaires.
Secours que
nroonuss. en ticher
dans la tente de M. de Naffau. Elle étoit vieille &
laide.
La journée fuivante fe paffa à perfectionner notre camp.
Le hangard étoit bien fait 8c parfaitement couvert d’une
efpecede natte. Nous n’y biffâmes qu’une iffue à laquelle
nous mîmes une barrière 8c un corps-de-garde. Ereti, fes
femmes 8c fes amis avoient feuls la permiffion d’entrer ; la
foule fe tenoit en-dehors du hangard : un de nos gens,
une baguette à la main, fuffifoit pour la faire écarter. C ’é-
toit-là que les infulaires apportoient de toutes parts des
fruits, des poules, des cochons, du poiffon & des pièces
de toile qu’ils échangeoient contre des clous, des outils ,.
des perles fauffes, des boutons 8c mille autres bagatelles
qui étoient des tréfors pour eux. Au refte ils examinoient
attentivement ce qui pouvoit nous plaire ; ils virent que
nous cueillons des plantes antifcorbutiques 8c qu’on s’oc-
cupoit auffi à chercher des coquilles. Les femmes 8c les
enfans ne tardèrent pas à nous apporter à l’envi des paquets
des mêmes plantes qu’ils nous avoient vu ramaffer
Sc des paniers remplis de coquilles de toutes les efpeces.
On payoit leurs peines à peu de frais.
Ce même jour je demandai au chef de m’indiquer du
bois que je puffe couper. Le pays bas où nous étions n’eft
couvert que d’arbres fruitiers 8c d’une efpece de bois
plein de gomme 8c de peu de confiftance* le bois dur
vient fur les montagnes. Ereti me marqua les arbres que
je pouvois couper, 8c m’indiqua même de quel côté il les
falloit faire tomber en les abattant. Au refte les infulaires
nous aidoient beaucoup dans nos travaux ; nos ouvriers
abattoient les arbres & les mettoient en bûches que les
gens du pays tranfportoient aux bateaux ; ils aidoient de
même à faire l’eau , empliffant les pièces 8c les conduifânt
aux chaloupes. On leur donnoit pour falaires des clous
dont le nombre fe proportionnoit au travail qu’ils ayoient
bit. La feule gêne qùon eut, c’ëft qu’il falloit fans
ceffe avoir l’oeil à tout ce qu’on apportoit à terre, à fes
poches même ; car il n’y a point en Europe de plus adroits
filoux que les gens de ce pays.
Cependant il ne femble pas que le vol foit ordinaire en- Précautions
tre eux. Rien ne ferme dans leurs maifons, tout y eft à terre contre
oufufpendu, fans ferrureni gardiens. Sans doute la curiofité
pour des objets nouveaux excitoit en eux de violens défi
r s , 8c d’ailleurs il y a par-tout de la canaille. On avoit
volé les deux premières nuits, malgré les fentinelles 8c les
patrouilles, auxquelles on avoit meme jetté quelques
pierres. Les voleurs fe cachoient dans un marais Couvert
d’herbes & de rofeaux, qui s’étendoit derrière notre
camp. On le nettoya en partie, 8c j’ordonnai à l’Officier
de garde de faire tirer fur les voleurs qui viendroient dorénavant.
Ereti lui-même me dit de le faire, mais il eut
grand foin de montrer plufieurs fois, où étoit fa maifon,
en recommandant bien de tirer du côté oppofé. J’en-
voyois auffi tous les foirs trois de nos bateaux armés de
pierriers 8c d’efpingoles fe mouiller devant le camp.
Au. vol près, tour fe paffôit de la maniéré la plus amia- ùfagesfmgu-
ble. Chaque jour nos gens fe promenoient dans le pays l i e r s .d u pays-
fans armes, feuls ou par petites bandes. On les invitoit
à entrer dans les maifons, on leur y donnoit à manger -,
mais ce n’eft pas à une collation légère que fe borne ici la
civilité des maîtres de maifons ; ils leur offroient de jeunes
filles j la café fe rempliffoit à l’inftant d’une foule cürieufe
d’hommes 8c de femmes qui faifoient un cercle autour de