Quelles font
leurs armes.
Deicriptkm
du lieu où on
a débarqué.
ques-uns même ont la laine jaune. Ils font petits, vilains,
mal faits & la plupart rongés de lepre ; circonltance qui
nous a fait nommer leur île Pile des Lépreux. Il parut peu
de femmes, & elles n’étoient pas moins dégoûtantes que
les hommes ; ils font nuds, à peine fe couvrent-ils d’une
natte les parties naturelles ; les femmes ont auffi des écharpes
pour porter leurs enfans fur le dos ; nous avons vu
quelques-uns des tiffus qui les compofent, fur lefquels
étoient de fort jolis deffeins faits avec une belle teinture
cramoifie. J’ai remarqué qu’aucun n’avoit de barbe ; ils fe
percent les narines pour y pendre quelques ornemens ; ils
portent auffi aux bras en forme "de bracelets une dent de
babiroujfa , ou un grand anneau d’une matière que je crois
de l’ivoire, & au col des plaques d’écaille de tortue ,
qu’ils nous ont fait entendre être commune fur leur rivage.
Leurs armes font l’arc & la fléché, des maflues de bois
de fer, & des pierres qu’ils lancent fans fronde. Les fléchés
font des rofeaux armés d’une longue pointe d’os très-aiguë.
Quelques-unes de ces pointes font quarrées & garnies
fur les arrêtes de petites pointes couchées en arriéré
qui empêchent de pouvoir retirer la fléché de la plaie.
Ils ont encore des fabres de bois de fer. Leurs pirogues
ne nous ont pas approchés. Elles nous ont paru de loin
faites & voilées comme celles des îles des navigateurs.
La plage où nous avons abordé préfentoit une très-petite
étendue. A vingt pas du bord de la mer on trouve le
pied d’une montagne dont la pente, quoique très-rapide ,
eft couverte de bois. Le terrein efl: très-léger & a peu de
profondeur : auffi les fruits, quoique de la même efpece
qu’à T a iti, font-ils moins beaux ici & d’une moins bonne
qualité. Nous y avons trouvé une efpece de figues particuliere.
On rencontre beaucoup de routes tracées dans le
bois & des efpaces enclos par des palilfades de trois pieds
de haut. Sont-ce des retranchemens ou Amplement des limites
de polfeffions différentes? Nous n’avons vu d’autres
cafés que cinq ou fix petites hutes dans lefquelles on ne
pouvoit entrer qu’en fe traînant fur le ventre. Nous étions
cependant environnés d’un peuple nombreux; je le crois
fort miférable : cette guerre inteftine dont nous avons été
les témoins, efl: un cruel fléau. Nous entendîmes à plu-
fieurs reprifes le fon rauque d’une efpece de tambour for-
tir de la profondeur du bois vers le fommet de la montagne.
C ’eft fans doute leur lignai de ralliement ; car dès
l’inftant où nos coups de fufil les ont difperfés, il a recommencé
à battre. Il redoubloit auffi fon lugubre bruit, lorf-
que cette troupe ennemie que nous avons vue plufieurs
fois, venoit à paraître. Notre Taitien, qui avoit defiré
être de la defcente, nous a paru trouver cette efpece d’hommes
fort vilaine ; il n’entendoit abfolument aucun mot de
leur langue.
A notre arrivée à bord nous rembarquâmes nos bateaux
, & je fis fervir courant au Sud-Ouefl fur une longue
côte que nous découvrîmes à toute vue depuis le Sud-
Ouefl: jufqu’à l’Oueft-Nord-Oueft. Pendant la nuit il y eut
peu de vent, & il ne ceffa de varier ; de forte que nous
reliâmes au pouvoir des courans qui nous entraînèrent fur
le Nord-Ell. Ce tems continua la journée du 24 & la nuit
fuivante, & nous pûmes à peine nous élever à trois lieues
de l’île des Lépreux. Le 2 5 à cinq heures du matin nous
eûmes une affez jolie brife d’Eft-Sud-Eft; mais l’Etoile qui
fe trouvoit encore fous la terre, ne la reffentit pas & demeura
en calme. Je fis route néanmoins toutes voiles dehors
dCeo lna trionuutaet ieonn
tre les terres.