Ufage important.
fujPerta dteiqs ue au
morts.
Superftition
des infulaires.
tin&iôn qùi èYi'fte entre les principaux & le peuple, fur le
lien enfin qui réunit enfemble , & fous la même autorité,
cette multitude d’hommes robuftes qui ont fi peu de be-
foins. Je remarquerai feulement ici que dans les circonf-
tances délicates, le Seigneur du canton ne décide point
fans l’avis d’un confeil. On a vu qu’il av oit fallu une délibération
des principaux de la nation , lorfqu’il s’étoit agi de
l’établiflement de notre camp à terre. J’ajouterai que le
chef paroît être obéi fans réplique par tout le monde, &
que les notables ont auffi des gens qui les fervent, & fur
lefquels ils ont de l’autorité.
Il eft fort difficile de donner des éclairciffemens fur leur
religion. Nous avons vu chez eux des ftatues de bois que
nous avons prîfes pour des idoles 5 mais quel culte leur ren-
dënt-ils ? La feule cérémonie religieufe dont nous ayons
été témoins regarde les morts. Ils en confèrvent long-
tems les cadavres étendus fur une efpeCe d’eehafàud que
couvre un hangard. L’infeâiôn quils répandent n’empêche
pas les femmes d’aller pleurer auprès du Corps une partie
du jour, & d’oindre d’huile de cocos les froides reliqùes
de leur affeêHon. Celles dont nous étions connus, nous ont
laide quelquefois approcher de ce lieu confacré aux rftâ-
nes : Emoé, il dort, nous difoient-elles. Lorfqu’il ne refte
plus qüë les fquelettes, on les tranfporte dans la maifon ,
& j’ignore combien de tëms on les y conferve. Je fçais
feulement, parce que je l’ai vu, qu’alors un homme confi-
déré dans la nation vient y exercer fon miniftere faCré, &
que dans ces lugubres cérémonies, il porte des omeinens
âffez recherchés.
Nous avons fait fur fa religion beaucoup dë queftions à
Àotourou, & nous avons cru comprendre qu’en général
fes compatriotes font fort fuperftitieux, que les Prêtres
ont chez eux la plus redoutable autorité, qu’indépendam-
ment d’un être fupérieur, nommé Eri-trEra, le. Rai du Soleil
ou de la Lumière, être qu’ils ne repréfentent par aucune
image matérielle, ils admettent plufieurs divinités, les
unes bienfaifantes, les autres malfaifantes ; que le nom de
ces divinités ou génies eft Eatoua, qu’ils attachent à chaque
aftion importante de la vie un bon & un mauvais génie,
lefquels y préfident & décident du fuccès ou du malheur.
Ce que nous avons compris avec certitude, c’eft que,
quand la lune préfente un certain afpeft qu’ils nomment
Malama Tamai, Lune en état de guerre, alpeft qui ne nous
a pas montré de caraftere diftinélif qui puiffe nous ffirvir
à le définir, ils facrifient des viêlimes humaines. De tous
leurs ufages, un de ceux qui me furprend le plus , c’eft
l’habitude qu’ils ont de faluer ceux qui éternuent, en leur
difant, Evaroua-t-eatoua , que le bon eatoua te reveille, ou
bien que le mauvais eatoua ne t endorme pas. Voilà des traces
d’une origine commune avec les nations de l’ancien
continent. Au refte, c’eft fur-tout en traitant de la religion
des peuples, que le fcepticifme eft raifonnable, puift-
qu’il n’y a point de matière dans laquelle il foit plus facile
de prendre la lueur pour l’évidence.
La poligamie paroît générale chez eux, du-moins par- pluralité des
mi les principaux. Comme leur feule paffion eft l’amour , emmes-
le grand nombre des femmes eft le feul luxe des riches.
Les enfans partagent également les foins du pere & de la
mere. Ce n’eftpasl’ufage àTaiti que les hommes, uniquement
occupés de la pêche & de la guerre, laiflent au fexe
le plus foible, les travaux pénibles du ménage & de la culture.
Ici une douce oifiveté eft le partage des femmes, &
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