V o y a g e
deD ecfecsr ipintifoun-
laires.
Defcription
de leurs pirogues.
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jamais troquer. Ils échangèrent aufli des étoffes du même
tiffu, mais beaucoup moins belles que celles deTaiti &
teintes de vilaines couleurs rouges , brunes & noires,
des hameçons mal faits avec des arrêtes de poiffons,quelques
nattes & des lances longues de fix pieds, d'un bois
durci au feu. Ils ne voulurent point de fer ; ils préféroient
de petits morceaux d’étoffe rouge aux clous, aux couteaux
& aux pendans d’oreille qui avoient eu un fuccès ff
décidé à Taiti. Je ne crois pas ces hommes auffi doux que
les Taitiens : leur phyfionomie étoit plus fauvage , & il
falloit être toujours en garde contre les rufes qu’ils em-
ployoient pour tromper dans les échanges.
Ces infulaires nous ont paru de ftature médiocre, mais
agiles & difpos. Ils ont la poitrine & les cuiffes jufqu’au-
deffus du genou peintes d’un bleu foncé, leur couleur eft
bronzée-} nous en avons remarqué un beaucoup plus blanc
que les autres. Ils fe coupent ou s’arrachent la barbe, un
feui la portoit un peu longue ; tous en général avoient les
cheveux noirs & relevés fur la tête. Leurs pirogues font
faites avecaffez d’art & munies d’un balancier} elles n’ont
point l’avant ni l’arriere relevés, mais pontés Fun & l’autre,
& fur le milieu de ces ponts il y a une rangée de chevilles
terminées en forme dç gros clous, mais dont les fêtés font
recouvertes de beaux limas d une blancheur éclatante. La
voile de leurs pirogues eft compofée dé pluftëurs nattes-&
triangulaire } deux de fes côtés font envergués fur de$‘bâtons
dont l’un fert à l’affujettir le long d(u mat, & 1 autre ,
établi fur la ralingue de dehors , fait l’effet d’une livarde.
Ces pirogues nous ont fuivi affez au large , lorfque nous
avons éventé nos voiles ; il en eft même venu -quelques-
unes des deux petites îles, & dans l’une il y avoit une