appelle la priere des Rois, & de tous les mots qui la compofent,
je n’en fçais pas dix.
J’ai appris d’Aotourou qu’environ huit mois avant notre
arrivée dans fon île, un vaifleau Anglois y avoit abordé.
C ’eft celui que commandoit M.Wallas. Le même hazard
qui nous a fait découvrir cette île, y a conduit les Anglois,
pendant que nous étions à la riviere de la Plata. Ils y ont
féjourné un mois, & , à l’exception d une attaque que leur
ont faite les infulaires qui fe flattoient d’enlever le vaiffeau,
tout s’efl paffé à l’amiable. V oilà, fans doute, d ou proviennent
& la connoiffance du fer, que nous avons trouvée aux
Taitiens, & le nomd,aoun quils lui donnent, nom affez
femblable pour le fon au mot Anglois iron,fer, qui fe prononce
airon. J’ignore maintenant fi les Taitiens, avec la
connoiffance du fer, doivent aufîi aux Anglois celle des
maux vénériens que nous y avons trouve naturalifes,
comme on le verra bientôt.
CHAPITRE
C H A P I T R E I V .
Départ de Taiti ; découverte de nouvelles lies y navigation
jufqu'à la fortie des grandes Cyclades.
O n a vu combien la relâche à Taiti avoit été mélangée
de bien & de mal ; l’inquiétude & le danger y avoient
accompagné nos pas jufqu’aux derniers inftans, mais ce
pays étoit pour nous un ami que nous aimions avec fes défauts.
Le 16 Avril, à huit heures du matin , nous étions 1768.
environ à dix lieues dans le Nord-Eft-quart-Nord de fa cw:*
pointe feptentrionale, & je pris de là mon point de départ.
A dix heures nous apperçûmes une terre fous le vent, qui
paroiffoit former trois îles, on voyoit encore l’extrémité
de Taiti. A midi, nous reconnûmes parfaitement que ce
que nous avions pris pour trois îles n’en étoit qu’une feule,
dont les fommets nous avoient paru ifolés dans l’éloigne-
' ment. Par-deffus cette nouvelle terre, nous crûmes en voir Vûe d’Ou-
une plus éloignée. Cette île eft d’une hauteur médiocre nlama’
& couverte d’arbres ; on peut l’appercevoir en mer de huit
ou dix lieues. Aotourou la nomme Oumaitia. Il nous a fait
entendre d’une maniéré non équivoque, qu’elle étoit habitée
par une nation amie de la fienne, qu’il y avoit été
plufieurs fois, qu’il y avoit une maîtreffe , & que nous y
trouverions le même accueil les mêmes rafraîchiffemens
qu’à Taiti.
Nous perdîmes Oumaitia de vûe dans la journée, & je Direftîonds
dirigeai ma route de maniéré à ne pas rencontrer les îles aroute’
Perniçieufes que les défaftres de l’Amiral Roggewin nous
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