& elle fe prolonge dans l’Oueft. La terre de Celeles fe
préfente alors devant vous $ on voit un paffage ouvert dans
le Nord entre cette grande île & Wawoni, paffage faux ;
celui du Sud, qui eft le vrai, paroît prefque fermé ; on y
apperçoit dans l’éloignement une terre baffle hachée en
efpeces d’îlots. A mefure qu’on entre , on découvre fur la
côte de Button de gros caps ronds & de jolies ances. Au
large d’un de ces caps font deux roches, qu’il eft impoffi-
ble de ne pas prendre de loin pour deux navires à la voile,
l’un affez grand, l’autre, plus petit. Environ à une lieue
dans l’Eft d’elles, & à un quart de lieue de la côte, la
fonde nous donna 45 braffes fond de fable & de vaze. Le
détroit depuis l’entrée git fucceffivement du Sud - Oueft
au Sud.
A midi nous obfervâmes -4d 29' de latitude auftrale,
nous avions alors un peu dépaffé les deux roches. Elles
font au large d’un îlot, derrière lequel il paroît un joli enfoncement.
Nous y vîmes une embarcation faite en forme
de coffre quarré, avec une pirogue à la remorque. Elle
cheminoit à la voile & à la rame, en côtoyant la terre. Un
matelot François, repris à Boero, qui depuis quatre ans
naviguoit avec les Hollandois dans les Moluques 5 nous
dit que c’étoit un bateau d’indiens forbans qui cherchent
à faire des prifonniers pour les vendre. Notre rencontre
parut les gêner. Ils amenèrent leur voile & fe hâlerent à
la perche tout-à-fait terre-à-terre, derrière l’Jlot.
Nous continuâmes notre route dans le détroit, les vents
rondiffant comme le canal, & nous ayant permis devenir
par degrés du Sud-Oueft au Sud. Nous crûmes vers deux
Afpeft du heures après midi que la marée commençoit à nous être
pays' contraire ; la mer alors baignoit le pied des arbres fur la
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côte, ce qui prouveroit que le flot vient ici du Nord, au-
moins dans cette faifon. A deux heures & demie, nous
paffâmes devant un fuperbe port qui eft à la côte de Cele-
bes. Cette terre offre un coup-d’æil charmant par la variété
des terreins bas, des coteaux & des montagnes. La
verdure y embellit le payfage, & tout annonce une contrée
riche. Bientôt après l’île de Pangafani & les îlots qui
en font au Nord, fe détachèrent, & nous diftinguâmes
les divers canaux qu’ils préfentent. Les hautes montagnes
de Célebes paroiffoient au-deffus & dans le Nord de ces
terres. C ’eft par cette longue île de Pangafani & par celle
de Button qu’eft enfuite formé le détroit. A cinq heures &
demie nous étions enclavés de maniéré qu’on n’apperce-
voit ni entrée nifortiej & la fonde nous donna 27 braffes
d’eau & un excellent fond de vaze.
La brife, qui vint alors de l’Eft-Sud-Eft, nous força de Premier
tenir le plus près pour ne pas nous écarter de la côte de momlla§e’
Button. A fix heures & demie, les vents refufant de plus
en plus & la marée contraire étant affez forte, nous mouillâmes
une ancre à jet à-peu-près à mi-canal, par la même
fonde que nous avions déjà eue, 27 braffes vaze molle j
ce qui dénote un fond égal dans toute cette partie. La largeur
du détroit, depuis l’entrée jufqu’à ce premier mouil-
lage, varie de fept, huit, neuf jufqu’à dix milles. La nuit
fut très-belle. Nous penfâmes qu’il y avoit des habitations
fur cette partie de Button, parce que nous y vîmes plu-
fieurs feux. Pangafani nous parut beaucoup plus peuplé,
à en juger par la grande quantité de feux qui brilloient
de toutes parts. Cette île eft ici baffe, unie, couverte
de beaux arbres, & je ne ferois pas furpris qu’elle contînt
des épiceries.
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