244
jours dans le charnier une pinte de vinaigre & des boulets
rouges. Heureufement ces maux de gorge cédèrent aux
plus {impies remedes & à la fin de Février aucun homme
n’étoit encore fur les cadres.Nous avions feulement quatre
matelots tachés du fcorbut. On eut dans ce tems une pêche
abondante de bonites & de grandes oreilles ; pendant
huit ou dix jours on en prit affez pour en donner un repas
aux deux équipages.
Nous courûmes pendant le mois de Mars le parallèle
des premières terres & îles qui font marquées fur la carte
de M. Bellinfous le nom tilles de Quiros. Le 21 nous prîmes
un ton, dans l’eftomac duquel on trouva, non encore
digérés, quelques petits poiffons dont les efpeces ne s’éloignent
jamais des côtes. Cetoit un indice du voifinage
de quelques terres. Effectivement le 2 2 ,à f ix heures du
matin, on eut en même tems connoiffance & de quatre
îlots dans le Sud-Sud-Efi>5d-Eft & d’une petite île qui nous
reiloit à quatre lieues dans l’Oueft. Je nommai les quatre
îlots les quatre Facardins ; & comme ils étoient trop au
vent, je fis courir fur la petite île qui étoit devant nous.
A mefure que nous l’approchâmes , nous découvrîmes
quelle eft bordée d’une plage de fable très-unie, & que tout
l’intérieur étoit couvert de bois touffus, audeffus defquels
s’élevoient les tiges fécondes des cocotiers. La mer brifoit
affez au large au Nord & au Sud, & une groffe lame qui
battoit toute la côte de l’Eft, nous défendoit l’accès de l’île
dans cette partie. Cependantla verdure charmoit nosyeux,
& les cocotiers nous offroient par-tout leurs fruits & leur
ombre fur un gazon émaillé de fleurs j des milliers d’oi-
feaux voltigeoient autour du rivage & fembloient annoncer
une côte poiffonneufe $ on foupiroit après la defcente.
Z ij
Rencontre
des premieres
îles.
1768.
Mars.
Obfervatkm
fur une de ces
îles.