Cette ville
manque de
ports.
Etabliffemens
religieux.
place principale -, celui qui lui eft oppofe , eft occupe par
Phôtel de-ville. La cathédrale & l’évêche font fur cette
même place où fe tient chaque jour le marché public.
H n’y a point de port à Buenos-Aires , pas même un
mole pour faciliter l’abordage des bateaux. Les vaiifeaux
ne peuvent s’approcher de la ville à plus de trois lieues,
lis y déchargent leurs cargaifons dans des goelettes qui
entrent dans une petite riviere nommée Rio Chuelo, d où
les marchandifes font portées en charrois dans la ville qui
en eft à un quart de lieue. Les vaifleaux qui doivent ca-
rener ou prendre un chargement à Buenos-Aires, fe rendent
à la Encenada de Baragan, efpece de port litué à neuf
ou dix lieues dans l’Eft-Sud-Eft de cette ville-.
U y a dans Buenos-Aires un grand nombre de communautés
religieufes de l’un & de l’autre fexe. L ’année y
eft remplie de fêtes de Saints qu’on célébré par des procédions
& des feux d’artifice. Les cérémonies du culte
tiennent lieu de fpeftacles. Les Moines nomment les premières
dames de la ville Majordomes de leurs Fondateurs
& de la Vierge. Cette charge leur donne le droit & le
foin de parer l’Eglife, d’habiller la ftatue & de porter
l’habit de l ’ordre. C ’eft pour un étranger un fpeaacle
aifez fingulier de voir dans les Egides de Saint François
ou de S. Dominique, des dames de tout âge , affifter aux
offices avec l’habit de ces faintsinftituteurs.
Les Jéfuites offroient à la piété des femmes un moyen
de fan&ification plus auftere que les précédens. Ils avoient
attenant à leur couvent une maifon nommée la Cafa de las
exerckios delasmugeres, c’eft-à-dire la maifon des exercices
des femmes. Les femmes & les filles, fans le con-
fentement des maris ni des parens , venoient s y fanctifier
par une retraite de douze jours. Elles y étoient logées
& nourries aux dépens delà compagnie. Nul homme
11e pénétroit dans ce fanauaire, s’il n’étoit revêtu de
l’habit de Saint Ignace ; les domeftiques même du fexe
féminin n’y pouvoient accompagner leurs maîtreffes.
Les exercices pratiqués dans ce lieu faint, étoient la méditation
, la priere , les cathéchifmes, la confeffion &
la flagellation. On nous a fait remarquer les murs de
la chapelle encore teints du fang que faifoient, nous a-
t-on dit, rejaillir les difciplines, dont la pénitence armoit
les mains de ces Madelaines.
Au refte tous les hommes ici font freres & de la même
couleur aux yeux de la Religion. Il y a des cérémonies
facréespour les efclaves, & les Dominicains ont établi une
confrérie de Negres. Ils ont leurs chapelles, leurs méfiés,
leurs fêtes, & un enterrement aflez décent; pour tout
cela , il n’en coûte annuellement que quatre réaux par Ne-
gre aggrégé. Les Negres reconnoiflent pour patrons S.
Benoît de Palerme & la Vierge , peut-être à çaufe de ces
mots de l’Ecriture, nigra fum, fedformofa filia Jerufalem.
Le jour de leur fête ils élifent deux Rois, dont l’un repréfente
lé Roi d’Efpagne, l’autre celui de Portugal, & chaque
Roi fe choifit une Reine. Deux bandes, armées &
bien vêtues, forment à la fuite des Rois une proceffion ,
laquelle marche avec croix, bannières & inftrumens. On
chante, on danfe , on figure des combats d’un parti à
l’autre, & l’on récite des litanies. La fête dure depuis le
matin jufqu’au foir , & le fpeftacle en efl; aflez agréable.
Les dehors de Buenos-Aires font bien cultivés. Les ha-
bitans de la ville y ont prefque tous des maifons de campagne
qu’ils nomment Qidntas, & leurs environs fournif
E ij
& Cprooncferfé-r ie
fions de Negres.
BuDeneohso r-s Adie
res; leurs produirions.