pour chercher
un mouillage.
Ce qui nous
empêche d’y
mouiller.
queterie qui nous caufa beaucoup d’inquiétude^ elle for-
toit d’un de nos canots qui, malgré mes «ordres , s’étoit
féparé des autres & fe trouvoit mal-à-propos dans le cas
d’être attaqué par les infulaires, ayant vogué tout à fait à
terre. Deux fléchés qui lui furent tirées ^ ferment de prétexte
à fa première décharge. Enfuite il longea la côte ,
faifant un feu très-vif de fa moufqueterie & de fes efpin-
goles tant à terre que fur trois pirogues qui pafferent à portée
& lui décochèrent auffi quelques fléchés. Une pointe
avancée nous déroboit alors la vue du canot, & fon feu continuel
me donnoit lieu d’appréhender qu’il ne fût attaqué
par une armée de pirogues. J’allois envoyer notre chaloupe
à fon fecours, lorlque nous le vîmes doubler feul
cette pointe qui nous l’avoit caché. Les Negres pouffoient
des cris affreux dans le bois où ils s’étoient tous jettés , &
dans lequel on entendoit battre leur tambour. Je fis auffi-
tôt à ce canot le lignai de ralliement, & je pris des mefu-
res pour que nous ne fùflions plus deshonorés par un pareil
abus de la fupériorité de nos forces.
Les canots de la Boudeufe reconnurent que cette côte
que nous avions cru continue, eft un amas d’îles qui fe
croifent, enforte que la baie n’eft que la rencontre de plu-
fieurs des canaux qui les féparent. Cependant ils y trouvèrent
un affez bon fond de fable fur 40, 30 & 20 brades
d’eau ; mais fon inégalité continuelle rendoit ce mouillage
peu fûr,pour nous fur-tout qui n’avions plus d’ancres à ha-
farder. Il falloit d’ailleurs y ancrer à une grande demi-
lieue de la côte ; plus près le fond étoit de roches. Ainfi
les vaiffeaux n’auroient pu protéger les bateaux, & le
pays eft fi couvert,qu’il eût toujours fallu avoir les armes à
la main pour mettre les travailleurs à l’abri des furprifes,
On ne devoir pas fe flatter que les naturels oubliaffent le
mal qu’on venoit de leur faire, & confentiffent à échanger
des rafraîchiffemens. On remarqua k i les mêmes productions
que fur l’Me des Lépreux. Les habituas y etoient auffi
de la même efpece, prefque tous noirs , .nuds , à l exception
des parties naturelles, portant les unièmes ornemens
en colliers & en bracelets , & fe fervant des mêmes
armes.
Nous paffâmes la nuit fur les bords. Le 27 au matin
nous arrivâmes & prolongeâmes .la cote environ a une
lieue de. diftance. Vers dix heures on diftingua fur une
pointe baffe une plantation d’arbres difpofés en allées de
jardin. Le terrein fous les arbres étoit battu & paroiflbit
fable j un affez grand nombre cThabitans fe montroient
dans cette partie ; de l’autre côté de la pointe il y avoit
une apparence d’enfoncement, & jie fis mettre les bateaux
dehors. Ce fut en vain ; ce n’étok qu’un coude que
formoit la côte, & nous la fuivimes jufqu a la pointe du
Nord-Oueft fans trouver de mouillage. Au-delà de cette
pointe les terres revenoient fur 1e. Nord-Nord-Oueft , &
s’étendoient à perte de vue , terres d une élévation extraordinaire
& qui préfentoient au-deffus des nuages une
chaîne fuivie de montagnes. Au refte le tems fut fombre
& à grains avec de la pluie par intervalles. Plufieurs fois
dans le jour on crut voir la terre devant nous, terre de
brume qui s’évanouiffoit dans les éclaircis. Nous paffames
toute la nuit qui fut très-orageufe à louvoyer à petits
bords & les marées nous portèrent dans le Sud beaucoup
au-delà de notre eftime. Nous eûmes la vue des hautes
montagnes toute la journée du 28 jufqu au foleil couchant
I i iji
Nouvelle tentative
pour
faire ici une
relâche.