mois de l’année, quand les nuits font de feize, dix-fept,
& dix-huit heures, je prendrais le parti de palier à mer
ouverte. L e vent de bout & la grade mer ne font pas des
dangers, au lieu qu’il n’eft pas fage de fe mettre dans le
cas de naviguer à tâton entre des terres. On fera fans doute
retenu quelque tems dans le détroit, mais ce retard n’eft
pas en pure perte. On y trouve en abondance de l’eau ,
du bois & des coquillages, quelquefois auffi de très-bons
poiffons ; & alfurément je ne doute pas que le fcorbut ne
fît plus de dégât dans un équipage qui ferait parvenu à la
mer occidentale en doublant le cap de Horn que dans celui
qui y fera entré par le détroit de Magellan : lorfque
nous en fortîmes, nous n’avions perfonne fur les cadres.
Fin de la premiere Partie.
V O Y A G E
AUTOUR DU MONDE.
S E C O N D E P A R T I E ,
Contenant depuis l'entrée dans la mer occidentale ,
ju/qu au retour en France.
Et nos jam ténia portât
Omnibus errantes terris & flu&ibus æftas. Vlrg. Liv. I.
C H A P I T R E P R E M I E R .
Navigation depuis le détroit de Magellan jufquà l’arrivée à
rile Taiti ; découvertes qui la précèdent.
^ pu 1 s notfe entrée dans la mer occidentale Janvier.
1768.
Dire&ion de après quelques jours de vents variables du
r f S S I f l SAud-Oueft au Nord-Oued: par l’Oueft, nous 3 route en
eûmes promptement les vents de Sud & de f°r?mtdude'
Sud-Sud-Eft. Je ne m etois pas attendu à les trouver d-tôt;
les vents d Oued: conduifent ordinairement jufque par les