Rencontre
de nouvelles
terres.
dies vénériennes prifes à Taiti. Elles portaient tous les
fymptômes connus en Europe. Je fis vifiter Aotourou,
il en étoit perdu } mais il paroît que dans fo.n pays on s’inquiète
peu de ce mal : toutefois il confentit à fe laiffer
traiter. Colomb rapporta cette maladie d’Amérique , la
voilà dans une île au milieu du plus vafte Océan. Sont-ce
les Anglois qui l’y ont portée ? ou bien ce Médecin qui pa-
rioit qu’en enfermant une femme faine avec quatre hommes
fains & vigoureux,' le mal vénérien naîtroit de leur
commerce , doit-il gagner fon pari ?
Le 22 à l’aube du jour, comme nous courions à Oueft,
on apperçut de l’avant à nous une longue & haute terre.
Lorfque le foleil fut le v é , nous reconnûmes deux îles. La
plus méridionale nous reftoit depuis le Sud-quart-Sud-
Eft jufqu’au Sud-Oueft-quart-Sud ; elle paroiffoit courir
fur le Nord-Nord-Ouefi: corrigé & avoir environ douze
lieues de longueur fur ce giffement. Elle reçut le nom du
jour, lie de la Pentecôte. La fécondé nous refloit depuis
le Sud-Ouefl>5d-Sud jufqu’àl’Oueft-Nord-Oueft; l’inftant
où elle s’eft montrée à nous, l’a fait appeller l’île Aurore.
Nous tînmes d’abord le plus près, bas-bord amure pour
tâcher de paffer entre les deux îles. Les vents nous refu-
ferent, & il fallut arriver pour paffer fous le vent de l’île
Aurore. En avançant dans le Nord le long de fa côte
orientale, on apperçut dans le : Nord-quart-Nord-Oueft
une petite île élevée en pain de fucre, qui fut nommée le
■ pic de l’Etoile. Nous continuâmes à ranger l’île Aurore à
une lieue & demie de diftance. Elle gît Nord & Sud corrigés
, depuis fa pointe méridionale jufqu’à la moitié environ
de fa longueur qui eft de dix lieues ; enfuite elle décline
vers le Nord-Nord-Ouefi: : elle a très-peu de largeur,
deux lieues au plus. Ses côtes font efcarpées.& couvertes
de bois. A deux heures après midi nous apperçûmes par-
deffus cette île des cimes de hautes montagnes à dix lieues
environ au-delà. Elles appartenoient à une terre dont à
trois heures & demie nous vîmes au Sud-Sud-Oueft du
compas la pointe du Sud-Oueft par-deffusl extrémité fep-
tentrionale de l’île Aurore. Après avoir doublé cette, dernière,
nous faifions route au Sud-Sud-Oueft , lorfquau
coucher du foleil une nouvelle côte élevée & très-étendue
s’offrit encore à nos regards. Elle fe prolongeoit depuis
l’Oueft-Sud-Oueft jufqu’au Nord-Oueft-quart-Nord, k la
diftance de quinze à feize lieues.
Nous courûmes plufieurs bords dans la nuit pour nous
élever dans le Sud-Eft, afin dé reconnoître fi la terre que
nous avions au Sud-Sud-Oueft, tenoit à lile de la Pentecôte,
ou fi elle enformoit une troifieme. C ’eft ce. que nous
vérifiâmes le 23 à la pointe du jour. Nous découvrîmes la
féparation des trois îles. Celle de la Pentecôte & lile Aurore
font à-peu-près fous le même méridien, à deux lieues
de diftance l’une de l’autre. La troifieme eft dans le Sud-
Oueft de l’île Aurore, & leur moindre éloignement eft de
trois ou quatre lieues. Sa côte du Nord-Oueft a au-moins
douze lieues d’étendue, terre haute, efcarpée , par-tout
couverte de bois. Nous l’avons cotoyee une partie de la
matinée du 23. Plufieurs pirogues fe montroient le long de
terre, fans qu’aucune cherchât à nous approcher. Il ne pa-
roiffoit point de cafés, on voyoit feulement un grand nombre
de fumées s’élever du milieu des bois, depuis lesbords
de la mer jufqu’au fommet des montagnes : fort près du
rivage nous fondâmes plufieurs fois fans trouver de fond
avec s o braffes de ligne.
H h ij