Situation des
Hollandois à
Button.
fôn île eft grande & bien peuplée. Les orencaies, après
avoir pris congé de nous, firent une vifite à bord de l’Etoile.
Ils y burent auffi à la fanté de leurs nouveaux amis, &
il fallut leur prêter une main fecourable pour s’embarquer
dans leurs pirogues.
Je leur avois demandé entre deux rafades fi leur île pro-
duifoit des épiceries, ils me répondirent que non, & je
crois volontiers qu’ils ont dit la vérité, en confiderant la
foibleffe du pofte que les Hollandois entretiennent ici. Ce
pofte eft l’affemblage de fept ou huit huttes de bambous,
avec une efpece depaliffade décorée d’une gaule de pavillon.
Là réfident pour la compagnie un Sergent & trois
hommes. Cette côte au refte préfente le plus agréable coup
d’oeil. Elle eft par-tout défrichée & garnie de cafés. Les
plantations de cocotiers y font frequentes. Le terrein
s’élève en pente douce & offre par-tout des enclos cultivés.
Le bord de la mer eft tout en pêcheries. La côte qui
eft vis-à-vis Button n’eft ni moins riante, ni moins peuplée.
Notre pilote revint auffi nous voir dans la matinée, &
il m’apporta quelques cocos, les meilleurs que j’euffe encore
rencontrés. Il m’avertit que, lorfque le foleil auroit
monté, la brife du Sud-Eft feroit très-forte, & je lui fis
boire un grand coup d’eau-de-vie pour la bonne nouvelle.
Effectivement nous vîmes toutes les pirogues fe retirer
vers onze heures. Elles ne vouloient pas fe compromettre
au large aux approches du vent frais, qui ne manqua pas
de fouffler, comme nous l’avoit annoncé l’Indien. Une
brife de Sud-Eft fraîche & vigoureufe nous prit, comme
nous courions un bord fur une île àTOueft de Button; elle
nous permit de gouverner à Oueft- Sud-Oueft, & nous
fit faire bon chemin, malgré la marée. J’avertirai ici qu’il
faut fe méfier d’un banc, qui s’étend allez au large de
cette île dont je viens de parler. Au refte, en louvoyant
pendant la matinée, nous fondâmes plufieurs fois, fans
trouver fond, à 50 braffes de ligne.
Nous obfervâmes à midi 5d 31 ' 3 o" de latitude auftrale,
& cette obfervation, jointe à celle que nous avions faite à
l’entrée du détroit, nous fervit à en déterminer la longueur
avec précifion. A trois heures nous apperçûmes l’extrémité
méridionale de Pangafani. Nous voyions, dès le matin,
les hautes montagnes de Y île Cambona, fur laquelle
eft un pic, dont la tête s’élève au-deffus des nuages. Vers
quatre heures & demie, nous découvrîmes une portion
des terres de Celebes. Nous embarquâmes nos bateaux
au foleil couchant, & nous mîmes toutes voiles dehors,
gouvernant à Oueft-Sud-Oueft, jufqu’à dix heures du
foir que nous mimes le cap à Oueft-quart-Sud-Oueft ; &
nous courûmes à cette route toute la nuit,bonnettes greiées
haut & bas.
Mon intention étoit d’aller ainfi prendre connoiffance
de l’île Saleyer, à trois ou quatre lieues dans le Sud de fa
pointe feptentrionale, c’eft-à-dire par çd 55' à 6tl de latitude
, afin de chercher enfuite le détroit de ce nom , qui
eft entre cette île & celle de Celebes, le long de laquelle
on court fans la voir : attendu que fa côte, prefque depuis
Pangafani, forme un golfe d’une immenfe profondeur. Au
refte il faut de même revenir chercher le détroit de Saleyer
lorfqu’on paffe par le Tonkan bejjte ; & on conclura fans
doute de ce qui a été détaillé ci-deffus , que la route par
la rue de Button eft, à tous égards, préférable. C ’eft une
des navigations les plus fures & les plus agréables que
Avis nautiques.
furR ecmetaterq uneas
vigation.