V O Y A G E
& beaucoup plus large que n’eft la Seine vis-à-vis les In-
valides. On vous fait entrer dans un canot étroit & long,
& dont un des bords eft de moitié plus haut que 1 autre -,
on force enfuite deux chevaux d’entrer dans 1 eau, 1 un à
ftribord , l’autre à bas-bord du canot, & le maître du
bac tout nud, précaution fort fage affurément, mais
peu propre à raffurer ceux qui ne favent pas nager , fou-
tient de fon mieux au-deffus de la riviere la tête des deux
chevaux, dont la befogne alors eft de vous paffer à la
nage de l’autre côté , s’ils en ont la force.
Don Ruis arriva à Montevideo peu de jours après
nous. 11 y vint en même tems deux goélettes chargées 5
l ’une de bois & de rafraîchiffemens, l’autre de bifcuit &
de farine , que nous embarquâmes en remplacement de
notre confommation depuis Breft. Les frégates Efpagno-
les étant également prêtes, nous nous difpofames à fortic
de la riviere de laPlata.
C H A P I T R E I I .
Détails fur les Etablijfetnens des Efpagnols dans la riviere vj&ft
de la P lata.
J\_ Io de la P lata ou la Riviere d’argent,ne coule point fous On eft dans
le même nom depuis fa fource. Elle fort, dit-on, du lac de fur la
Xaragès vers les feize degrés trente minutes Sud , fous fleuve.
le nom d eParaguai y quelle donne à une immenfe étendue
de pays quelle traverfe. Elle fe joint vers le vingt-fep-
tieme degré avec le Parana, dont elle prend le nom avec
les eaux. Elle coule enfuite droit au Sud jufque par le
trente-quatrieme degré; elle y reçoitYUraguai&i prend fon
cours à l’Eft fous le nom de la Plata , qu’elle conferve enfin
jufqu’à la#mer.
Les Géographes Jéfuites, qui les premiers ont attribué
l’origine de ce grand fleuve au lac des Xaragès, fe font
trompés , & les autres Ecrivains ont fuivi leur erreur à cet
égard. L’exiftence de ce lac , qu’on a depuis cherché
Vainement, eft aujourd’hui reconnue fabuleufe. Le Marquis
de Valdelirias & Don Georges Menezès, ayant été
nommés, l’ùn par l’Efpagne, l’autre par le Portugal, pour
régler dans ces contrées les limites des pofîeflions respectives
des deuxPuiflances, plufleurs Officiers Efpagnols &
Portugais parcoururent,- depuis 1751 jufqu’en 1755, toute
cette portion de l’Amérique. Une partie des Efpagnols
remonta le fleuve du Paraguai, comptant entrer par cette
voie dans le lac des Xaragès ; les Portugais de leur côté,
partant de Matagrofïo, établiffement de leur nation fur la
frontière intérieure du Bréfîl par douze degrés de latitude
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