Obfervation
fur le giffe-
ment des cotes
du Chili.
30 d, & j’avois réfolu d’aller à l’île Juan Fernandès, pour
tâcher d’y faire de bonnes obfervations aftronomiques. Je
voulois ainfi établir un point de départ alluré, pour tra-
verfer cet Océan immenfe, dont l’étendue eft marquée
différemment par les différens Navigateurs. La rencontre
accélérée des vents de Sud & de Sud-Eft, me fit renoncer
à cette relâche , laquelle eût allongé mon chemin.
Pendant les premiers jours je fis prendre du Oueft à la
route autant qu’il fut poffible, tant pour m’élever dans le
vent, que pour m’éloigner de la côte, dont le gilfement
n’eft point tracé fur les Cartes d’une façon certaine. Toutefois
, comme les vents furent toujours alors de la partie
du Oueft, nous eulfions rencontré la terre, fi la Carte de
Don Georges Juan & Don Antonio de UUoa eût été jufte.
Ces Officiers Efpagnols ont corrigé les anciennes Cartes,
de l’Amérique feptentrionale ; ils font courir la côte depuis
le cap Corfe jufqu’au Chiloë Nord-Eft & Sud-Oueft, &
cela d’après des conjectures que fans doute ils ont cru
fondées. Cette correCtion heureufement en mérite une
autre ; elle étoit peu confolante pour les Navigateurs qui,
après avoir débouqué par le détroit, cherchent à revenir
au Nord avec des vents conftamment variables du Sud-
Oueft au Nord-Oueft par le Oueft. Le Chevalier Narbo-
roug, après être forti du détroit de Magellan en 1669,
fuivit la côte du Chili, furetant les anfes & les crevaffes
jufqu’à la riviere de Baldivia dans laquelle il entra ; il dit
en propres termes, que la route depuis le cap Déliré jufqu’à
Baldivia, eft le Nord 5 d Eft. Voilà qui eft plus fûr
que l’alfertion conjecturale de Don Georges & de Don
Antonio. Si d’ailleurs elle eût été véritable, la route que
nous fûmes obligés de faire nous auroit, comme je l’ai dit,
conduit fur la terre. • . Lorfque
î Lorfque nous fûmes dans la mer Pacifique, je convins
avec le Commandant de l’Etoile, qu’afin de découvrir un
plus grand efpace de mers, il s’éloigneroit de moi dans le
Sud tous les matins à la diftance que le tems permettroit
fans nous perdre de vûe, que le foir nous nous rallierions,
& qu’alors il fe tiendroit dans nos eaux environ à une demi
lieue. Par ce moyen , fi la Boudeufe eût rencontré la
nuit quelque danger fubit, l’Etoile étoit dans le cas de
manoeuvrer pour nous donner les fecours que les circon-
ftances.auroient comportés. Cet ordre de marche a été
fuivi pendant tout le voyage.
Le 30 Janvier, un matelot tomba à la mer ; nos efforts
lui furent inutiles, & jamais nous ne pûmes le fauver : il
ventoit grand frais & la mer étoit très-groffe.
Je dirigeai ma route pour reconnoître la terre que David,
Flibuftier Anglois, vit en 1686, fur le parallèle de 27 à 28d
Sud, & qu’en 1722 Roggewin Hollandois chercha vainement.
J’en continuai la recherche jufqu’au 17 Février. J a-
vois paffé le 14 fur cette terre fuivant la carte de M. Bel-'
lin.. Je ne voulus point pourfuivre la recherche d e l’îlede
Pâques, fa latitude n’étant point marquée d’une façon po-
fitive. Plulieurs Géographes s’accordent à la placer par le
parallèle de 27 à 28d Sud ; M. Buache feul la met par le
31 • Toutefois dans la journée du 14 , étant par 27^ 7' de
latitude obfervée & par io4d i2 'd e longitude occidentale
-eftimée, nous vîmes deux oifeaux allez femblables à des
équerrets, efpece qui ne s’éloigne pas ordinairement à
plus de foixante ou quatre-vingts lieues de terre ; nous vîmes
auffi un paquet de ces herbes vertes qui s’attachent à
la caréné des navires, & ces rencontres me firent continuer
la meme route jufqu’au 17. Je penfç au refte d’après
Z
Ordre de
marche de la
Boudeufe 8c
de l’Etoile.
Perte d’un
bméa àte llao tm teorm. Terre
de D a vid.
cherchée
inutilement.
1768.
Février. Incertitude
fur la latitude
de l’île de Pâques.