Vue de Sain-
te-Helene.
176c). Février.
Relâche à
l’Afcenfion.
384 V o y a g e
Sud-Sud - E ft-4d -Sud environ à quatre lieues de diftance
3 c’eft d’où je pris mon point de départ par 33d 40' de
latitude Sud, & 1 $d 48' de longitude orientale de Paris.
Je defirois de rejoindre M. Carteret fur lequel j’avois certainement
un grand avantage de marche, mais qui avoit
encore onze jours d’avance fur moi.
Je dirigeai ma route pour prendre connoiffance de l’ile
Sainte - Helene, afin de m’affurer la relâche à l ’Afcenfîon^
relâche qui devoit faire le falut de mon équipage. Effefti-
vement nous en eûmes la vue le 29 à deux heures après
midi, & le relèvement que nous en fîmes ne nous donna
de différence avec l’eftime de notre route que huit à dix
lieues. La nuit du 3 au 4 Février étant par la latitude de
l’Afcenfion & m’en faifant environ à dix - huit lieues de
diftance, je fis courir fous les deux huniers. Au point du
jour nous vîmes l’île à-peu-près à neuf lieues de diftance.,
& à onze heures nous mouillâmes dans l’ance du Nord-
Oueft ou de la montagne de la Croix par i 2 braffes fond de
fable & corail. Suivant les obfervations de M. l’abbé de
la Caille, nous étions à ce mouillage par 7d 54' de latitude
Sud,& ï6d 19' de longitude occidentale de Paris.
A peine eûmes-nous jette l’ancre que je fis mettre les
bateaux à la mer & partir trois détachemens pour la pêche
de la tortue ; le premier dans l ’ance du Nord-EJl ; le
fécond dans l ’ance du iVort/-Owe/?, vis-à-vis de laquelle
nous étions 3 le troifieme dans l ’ance aux Anglois , laquelle
eft dans le Sud-Oueft de file. Tout nous promettoit une
pêche favorable 3. il n’y avoit point d’autre navire que le
nôtre, la faifon étoit avantageufe & nous entrions en nouvelle
lune. Auftitôt après le départ des détachemens, je fis
toutes mes difpofitions pour jumeller au-deffous du capelage,
a u t o u r d u M o n d e . 385
lage, mes deux mâts majeurs : fçavoir le grand mât avec un
petit mât de hune, le gros bout en-haut ;& le mât de
mifaine, lequel étoit fendu horizontalement entre les jottereaux,
avec une jumelle de chêne.
On m’apporta dans l’après - midi la bouteille qui renferme
le papier fur lequel s’infcrivent ordinairement les
vaifleaux de toutes nations qui relâchent à l’Afcenfion.
Cette bouteille fe dépofe dans la cavité d’un des rochers
de cette baie, où elle eft également à l’abri des vagues &
de la pluie. J y trouvai écrit le Swallow, ce vaiffeau Anglois
commandé par M. Carteret, que je defirois de rejoindre.
Il étoit arrivé ici le 31 Janvier & reparti le premier
Février 3 c’étoient déjà fix jours que nous lui avions
gagnés depuis le cap de Bonne-Efpérance. J’infcrivis la
Boudeufe & je renvoyai la bouteille.
La journée du j fe paffa à jumeller nos mâts fous le
capelage, opération délicate dans une rade où la mer eft
clapoteufe, à tenir nos agrêts & à embarquer les tortues.
La pêche fut abondante 3 on en avoit retourné dans la
nuit foixante & dix, mais nous ne pûmes en prendre à
bord que cinquante-fix, on remit les autres en liberté.
Nous obfervâmes au mouillage 9d 45' de variation Nord-
Oueft. Le 6 à trois heures du matin, les tortues & bateaux
étant embarqués, nous commençâmes à lever nos ancres5
à cinq heures nous étions fous voiles enchantés de notre
pêche & de Telpoir que notre premier mouillage feroit
dorénavant dans notre patrie. Combien nous en avions
fait depuis le départ de Breft !
En partant de l’Afcenfion, je tins le vent pour ranger
les îles du cap Vzrd d’auffi près qu’il me feroit poflible. Le
11 au matin, nous paffâmes la ligne pour la fixieme fois
C c c
Départ de
l’Afcenfion.
liPganfeT.age de la