briller de toutes parts fur la côte, nous apprirent qu elle
étoit habitée. Le 4 au lever de l ’aurore nous reconnûmes
que les deux terres qui la veille nous avoient paru réparées
, étoient unies enfemble par une terre plus baffe qui
fe courboit en arc & formoit une baie ouverte auNord-
Eft. Nous courions à pleines voiles vers la terre préfen-
tant au vent de cette baie, lorfque nous apperçûmes une
pirogue qui venoit du large & voguoit vers la côte, fe fer-
vant de fa voile & de fes pagayes- Elle nous paffa de l’avant
& fe Joignit à une infinité d’autres qui de toutes les
parties de l’ile accouroient au-devant de nous. L’une d’elles
précédoitles autres -, elle étoit conduite par douzehommes
nuds qui nous préfenterent des branches de bananiers, &
leurs démonftrations atteffoient que c’étoit-là le rameau
Premier trafic d’olivier. Nous leur répondîmes par tous les lignes d’ami-
laIres!eS U" dé dont nous pûmes nous aviferj alors ils accefterent le
navire, & l ’un d’eux, remarquable par fonénorme chevelure
hériffée en rayons, nous offrit avec fon rameau de
paix un petit cochon & un régime de bananes. Nous acceptâmes
fon préfent qu’il attacha à une corde qu’on lui
jetta; nous lui donnâmes des bonnets & des mouchoirs,
& ces premiers préfens furent le gage de notre alliance
avec ce peuple.
Bientôt plus de cent pirogues de grandeurs différentes
& toutes à balancier , environnèrent les deux vaiffeaux.
Elles étoient chargées de cocos, de bananes & d’autres
fruits du pays. L’échange de ces fruits délicieux pour nous,
contre toutes fortes de bagatelles , fe fit avec bonne-foi,
mais fans qu’aucun des infulaires voulût monter à bord,
11 falloit entrer dans leurs pirogues ou montrer de loin les
objets d’échange ; lorfqu’on étoit d’accord , on leur envoyoit
au bout d’une corde un panier ou un filet • ils y
mettoient leurs effets & nous les nôtres, donnant ou recevant
indifféremment avant que d’avoir donné ou reçu,
avec une bonne foi qui nous fit bien augurer de leur ca-
raftere. D ’ailleurs nous ne vîmes aucune elpece d’armes
dans leurs pirogues où il n’y avoit point de femmes à cette
première entrevue. Les pirogues refterent le long des navires
jufqu’à ce que les approches de la nuit nous firent revirer
au large ; toutes alors fe retirèrent.
Nous tâchâmes dans la nuit de nous élever au Nord,
n’écartant jamais la terre de plus de trois lieues. Tout le
rivage fut jufqu’à près de minuit, ainfi qu’il l’avoit été la
nuit précédente, garni de petits feux à peu de diffance les
uns des autres : on eût dit quec’étoit une illumination faite
à deffein , ,&nous l’accompagnâmes de plufieurs fufées tirées
des deux vaifleaux.
La journée du 5 fe paffa à louvoyer, afin de gagner au
vent de l’île, & à faire fonder par les bateaux pour trouver
un mouillage. L ’aipeél de cette côte élevée en amphithéâtre
nous ofîfoit le plus riant fjaeftacle. Quoique les
montagnes y foient d’une grande hauteur , le rocher n’y
montre nulle part fon aride nudité : tout y eft couvert de
bois. 4 peine en crûmes-nous nos yeux, lorfque nous découvrîmes
un pic chargé d’arbres jufqu’à fa cime ifolée
qui s’élevoit au niveau des montagnes dans l’intérieur de
la partie méridionale de l’île. Il ne paroiffoit pas avoir plus
de trente toifes de diamètre, & il diminuoit de groffeuren
montant; on l’eût pris de loin pour une pyramide d’une
hauteur immenfe que la main d’un décorateur habile au-
roit parée de guirlandes de feuillages. Les terreins moins
élevés font entrecoupés de prairies & de bofquets, &
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dularge.