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Détails fur
les Américains
de cette
contrée.
droit de la riviere où l’on auroit établi des chantiers.
Les Indiens, qui habitent cette partie de l’Amérique au
Nord & au Sud de la riviere de la Plata, font de la racé
de ceux que les Efpagnols nomment Indios bravos. Ils
font d’une «taille médiocre, fort laids & prefque tous galeux.
Leur couleur eft très-bafannée, & la graifle dont ils
fe frottent continuellement, les rend encore plus noirS.
Ils n’ont d’autre vêtement qu’un grand manteau de peaux
de chevreuil, qui leur defcend jufqu’aux talons , & dans
lequel ils s’enveloppent. Les peaux dont il eft composé
, font très-bien paffées ; ils mettent le poil en-dedans
, & le dehors eft peint de diverfes couleurs.
La marque diftinétive des Caciques eft un bandeau de
cuir dont ils fe ceignent le front ; il eft découpé en
forme de couronne & orné de plaques de cuivre. Leurs
armes font l’arc & la fléché ; ils fe fervent aufîi du lacs
& de boules (1 ). Ces Indiens paflent leur vie à cheval &
n’ont pas de demeures fixes , du-moins auprès des éta-
bliffemens Efpagnols. Ils y viennent quelquefois avec
leurs femmes pour y acheter de l’eau de-vie ; & ils ne
ceffent d’en boire que quand l’ivrefle les laifle abfolu-
ment fans mouvement.' Pour fe procurer des liqueurs
fortes, ils vendent armes , pelleteries, chevaux ; & quand
ils ont épuifé leurs moyens , ils s’emparent des premiers
chevaux qu’ils trouvent auprès des habitations & s’éloignent.
Quelquefois ils fe raflemblent en troupes de deux
ou trois cents pour venir enlever des beftiaux fur les terres
des Efpagnols, ou pour attaquer les caravanes des voya-
(i) Ces boules font deux pierres
rondes, de la groffeur d’un boulet de
deux livres, enchâflees l’une & l’autre
dans une bande de cuir, & attachées
à chacune des extrémités d’un
boyau cordonné long de fix à fept
pieds. Ils fe fervent à cheval de cette
arme comme d’une fronde , & en
atteignent jufqu’à trois cents pas l’animal
qu’ils pourfuivent,
geurs.Ils pillent, maflacrent& emmenent en efclavage.
C ’eft un mal fans remede : comment dompter une nation
errante, dans un pays immenfe & inculte , où il feroit
même difficile de la rencontrer? D ’ailleurs ces Indiens
font courageux, aguerris , & le tems n’eft plus où un Ef-
pagnol faifoit fuir mille Américains.
Il s’eft formé depuis quelques années dans le nord de
la riviere une tribu de brigands qui pourra devenir plus
dangereufe aux Efpagnols, s’ils ne prennent des mefures
promptes pour la détruire. Quelques malfaiteurs échappés
à la Juftice, s’étoient retirés dans le Nord des Mal-
donades; des déferteurs fe font joints à eux : infenfible-
ment le nombre s’eft accrû ; ils ont pris des femmes chez
les Indiens, & commencé une race qui ne vit que de pillage.
Ils viennent enlever des beftiaux dans les poiïef-
fions Efpagnoles, pour les conduire fur les frontières du
Bréfil,oùils les échangent avec les Pauliftes (1) contre
des armes & des vêtemens. Malheur aux voyageurs
qui tombent entre leurs mains. On afîiire qu’ils font
aujourd’hui plus de fix cents. Ils ont abandonné leur première
habitation & fe font retirés plus loin de beaucoup
dans le Nord-Oueft.
Le Gouverneur général de la province de la Plata ré-
fide , comme nous l’avons dit, à Buenos-Aires. Dans tout
ce qui ne regarde pas la mer, il eft cenfé dépendre du
Viceroi du Pérou ; mais l’éloignement rend cette dépendance
prefque nulle , & elle n’exifte réellement que pour
l’argent qu’il eft obligé de tirer des mines du Potofi, argent
qui ne viendra plus en pièces cornues, depuis qu’on
(0 tes Pauliftes font une autre qui fe font formés en République ver*
face de brigands fortis duBréfil, & la fin dufeiziemefiecle.
Race de brigdaannds
sl eé Ntabolrids
de la riviere,
GoEutevnedrunee du
Pmlaetnat. de la