VL U A.
Utilité des
trois ports décrits
précédemment.
I JO .a a vr o M ouycu & e
paffage d’aucun.homme; les Sauvages de cette partie ne
quittent g-ueres les bords delà mer qui fcurriiffent à leur
fubfiftance. Au. reffe toute la portion de la terre de :Feu,
comprife j depuis File Sainte-Elizabeth , ne me paroît être
qu’un amas informe de greffes îles inégales -, élevées,
m,ontueules & dont les fommets font couverts d’une neige
éternelle. Je ne doute pas qu’il n’y ait entre elles un grand
nombre de débouquemens à la mer. Les arbres & les
plantes font les. mêmes ici qu’à la côte des Patagdns ; &
aux arbres, près, le terrein y reffemble affez à celui des
îles Malouines.
Je joins ici la Carte particulière que j’ai faite de cette
intéreffante partie de la côte des terres de Feu. Jufqu’à
préfent on n’y connoiffoit aucun mouillage, & les navires
évitoient de l’approcher. La découverte des trois ports
que je viens d’y décrire, facilitera la navigation de cette
partie du détroit de Magellan. Le cap Forward en a toujours
été un des points les plus redoutés des Navigateurs.
II n’eff que trop ordinaire qu’un vent contraire & impétueux
empêche de le doubler : il en a forcé plufieurs de rétrograder
jufqu’à la baie Famine. On peut aujourd’hui mettre
à profit même les vents régnans. Il ne s’agit que de
hanter la terre de Feu, & d’y gagner un des trois mouillages
ci-deffus, ce que l’on pourra prefque toujours faire
ea louvoyant dans un canal où il n’y a jamais de mer pour
des vaiffeaux. De-là toutes les bordées feront avantageu-
fes, & pour peu que l’on s’aide des marées qui recommencent
ici à, être fenfibles, il ne fera plus difficile de gagner
le port Galant .
Nous paffâmes dans le port de la Cafcade une nuit fort
défagréable. Il faifoit grand froid, & la pluie tomba fans
a u t o u r d uo M o n d e .
interruption. Elle dura prefque toute là journée du yo. A
cinq heures du matin, nous fortîmes du port, & nous trâ-
verfilmes à la voile avec un grand vent & une mer très-
groffe pour notre foible embarcation. Nous ralliâmes le
continent à-peu-près à égale diffance du cap Holland &
du cap Forward. 11 n’étoit pas queftiôh de fonger à y reconnaître
la cô te, trop heureux de là prolonger en foi fiant
vent arriéré, & portant une attentioncontihüélle aux iaffiF-
Ics yiolentes qui nous forçoient d’avoir toujours là driffé&
1 écoute a la .main. Il s’en fallut même très-pêu qù’êh tira--
verfant la baie Françoife, un faux coup de barre ne nous
mît le canot fur la tête. Enfin j’arrivai à îà frégate environ
à dix heures du matin. Pendant mon àb fonce, M. Duclos
Guyot avoit déblayé ce que nous avions à terre, & tout
difpofé pour l’appareillage ; auffi nous commençâmes à
defamarer dans l’après-midi.
Le 31 Décembre à quatre heures du matin-, nous ache-
vâmes de nous defamarer, & à fix heures nous fortîmes
de la baie en nous faifant remarquer par nos bâtimens à
rame. Il faifoit calme ; à fept heures il fie leva une brifo du
Nord-Eff, qui fe renforça dans la journée, & fut affez
claire jufqu’à midi, le tems alors devint brumeux avec de la
pluie. A onze heures & demie étant à mi-canal, nous découvrîmes
& relevâmes la Cafcade au Sud-Eff, le Pain de
fucre à l’Eft-Sud-Eff 5 d Sud, le cap Forward (1) à l’Eff-
quart-Nord-Eft, le cap Holland (a) à Oueft-Nord-Oueft
jnfqu (1)an Depuis cap Folr’iwloatr dde, iil’ Oyb fae rernavtoiriorne
lieues qui fépare le cap Forward du cap
fix lieues . & la cote court à-peu-près
aHnofellsa pnedu, pilr yof ao dneduexs. aJuet rrei’sy c caopnsn &oi tsr oauis
feunrt rlee tOrouies f&t-S quuda-tOreu leieflu. eLs ed ed éltarrogiet uyr. a
cun mouillage. La largeur du détroit y
( 2 ) Dans 1 efpace. d’environ cinq
varie de trois à quatre lieues.
Départ de la
bvialilee .Bougain