Rencontre
du Swallow.
l’eEftrirmeuer ddaen s
notre route.
1769. Mars.
dans ce voyage par zod de longitude eftimée. Quelques
jours après, comme malgré la jumelle dont nous lavions
fortifié, le mât de mifaine faifoit une très-mauvaife figure,
il fallut le foutenir par des pataras, degréer le petit perroquet,
& tenir prefque toujours le petit hunier aux bas-
ris & même ferré.
Le 25 au foir, on apperçut un navire au vent & de
l’avant à nous, nous le confervâmes pendant la nuit, &
le lendemain nous le joignîmes -, c’étoit le Swallow. J’offris
à M. Carteret tous les fervices qu’on peut fe rendre à
la mer. Il n’avoit befqin de rien ; mais fur ce qu’il me dit
qu’on lui avoit remis au Cap des lettres pour France,
j’envoyai les chercher à fon bord. Il me fit préfent d’une
fléché qu’il avoit eue dans une des îles rencontrées dans
fon voyage autour du monde, voyage qu’il fut bien loin
de nous foupçonner d’avoir fait. Son navire étoitfort petit,
marchoit très-mal, & quand nous eûmes pris congé de
lu i, nous le laiffâmes comme à l’ancre. Combien il a dû
fôuffrir dans une auffi mauvaife embarcation ! Il y avoit
huit lieues de différence entre fa longitude efiimée & la
nôtre -, il fe faifoit plus à l’Ouefl de cette quantité.
Nous comptions palier dans l’Eft des îles Açores, lorsque
le 4 Mars dans la matinée, nous eûmes connoiffance
de l’iis Tercere, que nous doublâmes dans la journée en la
rangeant de fort près. La vue de cette île, en la fuppo-
fant bien placée fur le grand plan de M. Bellin, nous
donneroit environ foixante & fept lieues d’erreur du côté
du Ouefl, dans l’eflime de notre route ; erreur confidé-
rable dans un trajet aüffi court que celui de l’Afcenfion
aux Açores. Il efl vrai que la pofition de ces îles en longitude
eft encore incertaine. Cependant je crois que dans
les parages des îles du capVerd il régné des courans
très-violens. Au refie , il étoit effentiel de déterminer la
longitude des Açores par de bonnes obfervations aflro-
nomiques, & de bien conftater la diftance des unes aux
autres, & leurs giffemens entre elles. Rien de tout cela
n’eff jufle fur les cartes d’aucune nation. Elles ne different
que par le plus ou le moins d’erreur Cet objet important
vient d etre rempli par Al. de Fleurieu, Enfeigne
des vaiffeaux du Roi.
Je corrigeai ma longitude en quittant Tercere fur celle
qu’affigne à cette île la carte à grand point de M. Bellin.
Nous eûmes fond le 13 après midi, & Ie 14 au matin la
vue d’Oueffant. Comme les vents étoient courts & la
maree contraire pour doubler cette île, nous fûmes forcés
de prendre la bordée du large, les vents étoient à Ouefl
grand frais, & la mer fort greffe. Environ à dix heures
du matin, dans un grain violent, la vergue de mifaine fe
rompit entre les deux poulies de briffe & la grand - voile
fut au même inflant deralinguée depuis un point jufqu’à
l’autre. Nous mîmes aufîitôt à la cape fous la grand voile
d étai le petit focq & le focq de derrière, & nous travaillâmes
à nous raccommoder. Nous envergâmes une grande
voile neuve, nous refîmes une vergue de mifaine avec la
vergue d artimon, une vergue de grand hunier, & un bout
dehors de bonnettes, & à quatre heures du foir nous nous
retrouvâmes en état de faire de la voile. Nous avions perdu
la vue d’Oueffant, & pendant la cape , le vent & la mer
nous avoient fait dériver dans fa manche.
Détermine à entrer à Bref!, j’avois pris le parti de louvoyer
avec des vents variables du Sud-Ouefl au Nord-
Ouefl, lorfque le 15 au matin, on vint m’avertir que le
C c c ij
faVnut,e d’OuefCoup
de vent
gqruaiy en.ous dé-
Arrivée à
Saint-Malo.