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Des Coquilles,
Des Ani-
înaux,
mer les terres. Les marées nous apportoient plufieurs ef-
peces de coralines très-variées & des plus belles couleurs
; elles ont mérité une place dans les cabinets des
curieux, ainfi que les éponges & les coquilles. Les éponges
affeftent toutes la figure des plantes , elles font ramifiées
en tant de maniérés, qu’on a peine à croire qu elles
foient l’ouvrage d’infeéles marins. D ’ailleurs leur tiffu eft
fi ferré & leurs fibres fi délicates, qu’on ne conçoit gueres
comment ces animaux peuvent s’y loger.
Les côtes des Malouines ont fourni aux cabinets plu-
fieurs coquilles nouvelles. La plus précieufe eft la poulette
ou poulte. On reconnoît trois efpeces de ces bivalves,
parmi lefquelles celle qui eft ftriée, n’avoit jamais été vue,
à ce qu’on dit, que dans l’état de foffiles 3 ce qui peut fervir
de preuve à cette affertion que les coquilles foffiles‘ trouvées
à des niveaux beaucoup au-deffus de la mer, ne font
point des jeux de la nature & du hazard , mais quelles
ont été la demeure d’êtres vivans dans le tems que les
terres étoient encore couvertes par les eaux. Avec cette
coquille très-commune on trouvoit les lépas eftimés par
leurs belles couleurs , les buccins feuilletés & armés , les
cames , les grandes moules unies & ftriées, & de la plus
belle nacre, &e.
On ne voit qu’une feule efpece de quadrupède fur ees
îles ; elle tient du loup & du renard. Les oifeaux font innombrables.
Ils habitent indifféremment la terre & les
eaux. Les lions & les loups marins font les feuls amphibies.
Toutes les côtes abondent en poiffons, la plûpart
peu connus. Les baleines occupent la haute mer 3 quelques
unes s’échouent quelquefois dans le fond des baies,
ou l’on voit leurs débris. D ’autres offemens énormes,
placés
placés bien avant dans les terres, & que la fureur des flots
n’a jamais été capable de porter fi loin , prouvent ou que
la mer a baillé, ou que les terres fe font élevées.
Le loup-renard, ainfi nommé, parce qu’il fe creufe un
terrier & que fa queue eft plus longue & plus fournie de
poil que celle du loup, habite dans les dunes fur le bord
de la mer. Il fuit le gibier & fe fait des routes avec intelligence
, toujours par le plus court chemin d’une baie
à l’autre ; à notre première defcente à terre, nous ne doutâmes
point que ce ne fuffent des fentiers d’habitans. II y a
apparence que cet animal jeûne une partie de l’année ,
tant il eft maigre & rare. Il eft de la taille d’un chien ordinaire
dont il a auffi i’aboyement, mais foible. Comment
a-t-il été tranfporté fur les îles ?
Les oifeaux & les poiffons ne manquent pas d’ennemis
qui troublent leur tranquillité.. Ces ennemis des oifeaux
font le loup, qui détruit beaucoup d’çeufs & de petits 3 les
aigles, les éperviers, les émouchets &les chouettes. Les
poiffons font encore plus maltraités 3 fans parler des baleines
qui, comme on fait, ne fe nourriffant que de frétin,
en détruifent prodigieufement, ils ont à craindre les amphibies
& cette quantité d’oifeaux pêcheurs, dont les uns
fe tiennent conftamment enfentinelle fur les roches, &
les autres planent fans ceffe au-deffus des eaux.
Pour être en état de bien décrire les animaux qui fuivent,
il eût fallu beaucoup de tems & les yeux du Naturalifte le
plus habile. Voici les remarques les plus effentielles, étendues
feulement par rapport aux animaux qui étoient de
quelque utilité.
Parmi les oifeaux à pieds palmés , le cigne tient le pre- Des Oifeaux
mier rang. Il ne différé de ceux d’Europe que par fon més.edS pal"
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