L’Etoile def-
cend de Bara- gan à Montevideo,
Difficulté de
cette navigation.
17 67.
Novembre.
C H A P I T R E V I I I .
Départ de Montevideo ; navigation jufquau cap des Vierges;
entrée dans le détroit ; entrevue avec les Patagons ; navigation
jufqu à l’ile Sainte-Elifabeth,
Nimborum in patriant, loça fceta furentibus auftris.
Virg. Ænetd. Lib. I.
T 1 E radoub & le chargement de l’Etoile nous avoient
coûté tout le mois d’Oftobre & desfrais confidérables; ce ne
fat qu’à la fin de cemois que nous pûmes folder avec le muni-
tionnaire général & les autresfourniffeurs Efpagnols.Jepris
le parti de les payer de l’argent qui m’avoit été rembourfé
pour la ceffion des îles Malouines, plutôt que de tirer des
lettres de change fur le Tréfor royal J’ai continué de même
pour toutes les dépenfes de nos différentes relâches en
pays étranger. Les achats s’y font faits par ce. moyen à
meilleur compte & avec plus d’expédition.
Le 31 Oftobre au point du jour, je rejoignis à quelques
lieues de la Encenada l’Etoile qui en avoit appareillé
la veille pour Montevideo. Nous y mouillâmes le 3 Novembre
à fept heures du foir. Ce qui fait la difficulté de cette
navigation de Montevideo à la Encenada, ç’eft qu’il faut
chenaler entre le banc Ortiz & pn autre petit banc qui en
eft au Sud , qu’aucun d’eus n’eft balifé & que rarement
peut-on voir la terre du Sud, laquelle eft très-baffe. À la
vérité le hazard a placé prefque à l’accore occidental du
banc Ortiz une efpece de balife. Ce font les deux mâts
d’un navire Portugais qui s’y eft perdu & qui fort heu-
reufement eft refté droit. Au refte on trouve dans le canal
quatre
quatre, quatre & demi jufqu’à cinq firaffes d’eau ,& le
fond eft de vaze noire ; il eft de fable rouge fur les accores
du banc Ortiz. En allant de Montevideo à la Encenada,
auffi-tôt qu’on a amené la balife à l’Eft-quart-Sud-Eft du
compas , & que la fonde donne cinq brades, on a paffé les
bancs. Nous avons obfervé dans le chenal 1 y deg. 3 o min.
de variation Nord-Eft.
Cette traverfée nous coûta trois hommes qui furent
noyés 5 la chaloupe s’étant engagée fous le navire qui vi-
roit de bord, coula bas : tous nos efforts ne purent fau-
ver que deux hommes & la chaloupe dont le cablot n’a-
voitpas rompu. J’eus auffi le chagrin de voir que, malgré
fon radoub, l’Etoile faifoit encore de l’eau ; ce qui
donnoit lieu de craindre que le défaut ne fût général dans
tout le calefatage de fa flottaifon : le navire avoit été
franc d’eau jufqu’à ce qu’il eût été calé à treize pieds.
Nous employâmes quelques jours à embarquer à bord
de la Boudeufe tous les vivres qu’elle pouvoit contenir, à
recalfater fes hauts, opération quel’abfence defes calfats
néceffaires à l’Etoile, n’avoit pas permis de faire plutôt; à
raccommoder la chaloupe de l’Etoile ; à faire couper
l’herbe pour nos beftiaux & à déblayer tout ce que nous
avions à terre. La journée du xofe paffa àguindernos
mâts de hune, virer les baffes vergues & tenir nos agrets -
nous pouvions appareiller le même jour fi nous n’euffions
pas été échoués. Le 11, la mer ayant monté, les bâtimens
afflouerent, & nous allâmes mouiller à la tête de la rade
©ù l’on eft toujours à flot. Les deux jours fuivans, le gros
tems ne nous permit pas de faire voile, mais ce délai ne
fut pas en pure perte. Il arriva de Buenos-Aires une goë-
P
Perte de trois
matelots.
poDuirf pfoofrittiiro dnes
lPal aritva,iere de la