En combien
de fouverai-
netés eft partagée
l’île Ja-
VS,
volté,. & le fils eft aujourd’hui Gouverneur de cette même
île dont fon pere étoit Roi. Elle a de même profité de la
révolte du Roi de Balimbuam, pour s’approprier cette belle
province qui fait la pointe orientale de Java. Ce Prinpe,
frere de l’Empereur, honteux d’être fournis à des .marchands,
& confeillé, dit-on, par les Anglois qui lui avaient
fourni des armes, de la poudre, & même çonftruit un fort,
voulut fecouer le joug. Il en a coûté deux ans & de grandes
dépenfes à la Compagnie pour le foumettre, Recette
guerre venoit d’être terminée deux mois avant que nous
arrivaffions à Batavia. Les Hollandojs avoient eu le défa-
vantage dans une première bataille ; mais, dans une fécondé
le Prince Indien a été pris avec toute fa famille & conduit
dans la citadelle de Batavia, où il eft mort peu de jours
après. Son fils ,& le refte de cette famille infortunée dévoient
être embarqués fur les premiers vaifleaux, & conduits
au. cap de Bonne- Efpérance, où ils finiront leurs
jours fur l’îie Robert,
Le refte de l’île Java eft divifé en plufieurs Royaumes.
L’Empereur de Java, dont la réfidence eft dans la partie
méridionale de file, a le premier rang , enfuite le Sultan
de Mataran & le Roi de Bantam. TJeribon eft gouverné
par trois Rois yaflaux de la Compagnie, dont l’agrément
eft aufîx néceflaire aux autres Souve "uins pour monter fur
leur trône précaire. Il y a chez tous ces Rois une garde
Européenne qui répond de leur perfonne. La Compagnie
a de plus quatre comptoirs fortifiés chez l’Empereur, un
chez le Sultan, quatre à Bantam & deux à Tferibon. Ces
Souverains font obligés de donner à la Compagnie leurs
denrées aux taux d’un tarif quelle - même a fait. Elle en
tire du r iz , des fucres, du çaffé, de l’étain, de l’arrak, 8?
leur
leur fournit feule l’opium dont les Javans font une grande
confommation, & dont la vente produit des profits confi-
dérables.
Batavia eft l’entrepôt de toutes les productions des Mo- Commerce
Iuques. La récolte des épiceries s’y apporte toute entière ; 6 Batavia"
on charge chaque année fur les vaifteaux ce qui eft nécef-
faire pour la confommation de l’Europe & on brûle le
refte. C ’eft ce commerce feul qui allure la richefîe, je
dirai même l’exiftence de la Compagnie des Indes Hol-
landoife $ il la met en état de fupporter les frais immenles
auxquels elle eft obligée, & les déprédations de fes employés
auffi fortes que fes dépenfes même. C ’eft aufli fur
ce commerce exclufif & fur celui de Ceylan quelle dirige
lès principaux foins. Je ne dirai rien fur Ceylan que je ne
connois pas -, la Compagnie vient d’y terminer une guerre
ruineufe, avec plus de fuccès quelle n’a pû faire celle du
golfe Perfique, où fes comptoirs ont été détruits. Mais comme
nous fournies prefque les feuls vaifleaux du Roi qui aient
pénétré dans les Moluques, on me permettra quelques détails
fur l’état a&uel de cette importante partie du monde,
que fon éloignement & le filence des Hollandois dérobent
à la connoiflance des autres nations.
On ne comprenoit autrefois fous le nom de Moluques Détails fur
que les petites îles fîtûées prefque fous la ligne, entre 15' lesMoll,<îues-
de latitude Sud & 5 o' de latitude Nord, le long de la côte
occidentale de Gilolo, dont les principales font Ternate)
Tidor, Mothier ou Mothir, Machian & Bachian. Peu - à-
peu ce nom eft devenu commun à toutes les îles qui produisent
des épiceries. Banda, Amboine, Ceram, Bouro
& toutes les îles adjacentes ont été rangées fous la
même dénomination, dans laquelle même quelques - uns
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