fonde et offre les mêmes aspects pittoresques. Les pentes abruptes, taillées
dans le calcaire jurassique, sont couronnées par de hautes falaises dolômitiques
déchiquetées dans tous les sens et trouées de mille façons. Le peu delargeur des
gorges,les sinuosités du cours d e laD o u rb ie , tout varier constamment le point
de vue. Enfin, les teintes de la dolomie, les nuances rougeâtres de la terre , la
richesse de la végétation, alternant çà et là avec la roche nue, donnent à l’ensemble
cette chaleur de coloris qui caractérise les vallées de la région des Causses.
A 6 kilomètres de Millau, Îe hameau du Monna (r. dr.) est encore la résidence
de l’illustre famille de Bonaid.
Le philosophe de ce nom (1734-1840) eut pour fils l ’archevêque et cardinal
de Lyon (1787-1870), et pour petit-fils (neveu du cardinal) M. le vicomte de
Vallée de la Dourbie : roc troué du causse Noir, près Millau. — Phot. Julien.
Bonald, actuel propriétaire et hôte fort aimable du château du Monna. Dans une
falaise voisine, la grotte du Prieur servit d’asile, en 1793, successivement à l’archevêque
et à sa mère, puis au prieur du Monna.
Près du village une vieille ruine à mi-côte s’appelle la Tour à l’Anglais.
Un peu plus loin, au bord du Larzaç, la petite chapelle romane (peu intéressante,
traces insignifiantes de peintures) de Saint-Martin-le-Vieux est, dit-on,la
plus ancienne paroisse du Larzac.
Une ravissante promenade consiste à remonter le très pittoresque ravin du
Monna, où abondent les grandes roches trouées et acérées (Baume-Bouge entre
autres), et à gagner Peyreleau par le bord du causse Noir; derrière le hameau
de Puech-Margue (811 m.), on traverse un chaos que domine un haut roc taillé
en sphinx égyptien; à Sonnac (857 m.j, la vue est belle sur Peyrelade, et l’on
descend à la Jonte par lé point 815. (F. p. 97.)
Continuant du Monna à remonter la Dourbie, on arrive au débouché du Valat-
Nègre.;
Là, à 40 mètres au-dessus de la route, s’ouvre la grotte de VAlueeh ou de la
Poujade : elle ne mérite pas une visite ; c’est le déversoir d’une source intermitten
te (marquée comme telle sur la carte de Cassini), qui coule pendant un ou
plusieurs mois, et quelquefois une année ou deux, à des intervalles de six à
vingt-cinq ans, et qui semble diminuer de volume à chaque apparition. Au fond
extrême de l’insignifiante .caverne, difficile à atteindre, on sent, à l’orifice d u n
trou de 15 ou 20 centimètres de diamètre, un courant d’air fort appréciable :
un bruit sourd d’égouttement paraît assez lointain. Mais qu’il y aurait de coups
de mine à donner et de dangers à courir pour -scruter ici les vaisseaux capillaires
et les réservoirs du causse1 !
• On y arrivera quelque jo u r cependant, et la Poujade n ’est peut-être pas une
porte d’entrée moins propice
que les Douzes.
Au-dessus même de
l ’Aluecb, à 450 mètres en
l’air, entre le hameau de
Longuiers et le ravin du
Valat-Nègre, le rebord du
causse Noir porte, comme
des créneaux, le. chaos
rocheux de Caussou, fort
détaché de Montpellier-
le-Vieux, inconnu avant
notre visite de 1889; là
se rencontrent des obélisques
naturels, des arcades
, des pyramides de
10 à 20 mètres de hauteur,
sculptés,'évidés par
les anciennes éaux sauvages
aux dépens des parties
les plus friables de la
roche. Une fenêtre ogivale,
large et haute de
3 mètres, ouverte dans une muraille de dolomie, donne la véritable illusion
d’un porche artificiel. ( F. la gravure.)
Sans rien voir absolument de Montpellier-le-Vieux, suspendu à 350 mètres
en l ’air, on en longe la base pendant 3 kilomètres, jusqu’à la Roque-Sainte-
Marguerite, passant à droite la source et le hameau de l’Esperelle, puis la
côte 393. Nous avons donné (p. 130) les voies d’accès et les itinéraires d e là
cité du Diable.
La Roque. (837 hab. la comm., 287 aggl. ), au confluent du Riou-Sec, le bien
nommé, est pittoresquement bâtie à 400 mètres d altitude, au pied d’un château
ruiné du xvu® siècle, que couronne: une jolie tour à mâchicoulis remontant au
moins à 1318.
De là on ira, en trois ou quatre heures aller et retour, visiter Roquesaltes, ce haut
1. Le 12 juin 1889 nous avons vu la Poujade qui coulait à pleins bords depuis le 1er janvier précédent:
11 y avait, paraît-il, vingt-quatre ans que cela ne s’était produit.