de temps, un tibia et quelques dents de ce carnassier. Mais ici comme à Nabrigas
le gisement quaternaire estbien séparé de celui qui renferme les restes de l’industrie
humaine, et il est impossible d’y faire la moindre confusion. Les autres cavités
souterraines, telles que les grottes de la Vigne, des Cristallisations et de Paran,
sont moins intéressantes que les cavernes déjà décrites1; mais on y voit quelques
indices du passage de l'homme,'principalement des morceaux de poteries; Les
silex, au contraire, sont très rares dans les cavernes de la vallée de la Jo n te8. »
Aucune de ces grottes n ’a la valeur pittoresque de celle de Dargilan, située à
1 opposé, dans le causse Noir, et qui, étant une des plus belles grottes de l ’Europe
entière, mérite à elle seule un chapitre spécial.~(F. chap. X.)
Disons'tout de suite que ce n ’est qu’une grotte à stalactites, ne devant contenir
ni animaux éteints ni restes de l’industrie humaine ; elle s’ouvre au nord - son
orifice primitif était si étroit que les renards seuls s’y glissaient; les blocs immenses,
détachés de la voûte, qui forment le sol de sa première salle ne peuvent
être enlevés pour savoir ce qu’ils cachent : voilà trois raisons qui rendraient
sans doute des fouilles infructueuses.
Après Sourbettes, la route monte de plus en plus. La Jonte; disparaît de nouveau
sous les blocs qui 1 encombrent. Le moulin de Capelan, avec ses rideaux de
peupliers,-forme une scène champêtre qui annonce la fin du canon; et en effet
Meyrueis paraît bientôt dans son bassin large, a'ssisè, comme Ispagnac, au portail
d’une galerie d’entré-causses, le Mêjeàn et le Noir. Vers"l’est,' les pentes boisées
de l ’Aigoual n ’ont plus rien d’escarpé : croupes molles,-crêtes allongées, valions
larges et coupoles herbeuses, démontrent que le terrain n ’est plus le même.-Nous
sommes sur la lisière des Causses, au/contact des schistes et du calcaire.
Cela produit un paysage à deux faces ne manquant pas d’intérêt, et le panorama
de Meyrueis est beau à voir du rocher qui, à l’ouest, le domine de 80 mètres
et qui porte une chapelle dédiée à Notre-Dame de Bon Secours (700 m.).
Cette chapelle, selon la légende, aurait succédé à un castrùm bâti parMarius(?):
dans quelques ruines, en effet, on a trouvé des urnes, médailles et lampes romaines.
Meyrueis3 est un chef-lieu de canton lozérien (686 m. ; 1,894 hab. lacomm.,
-1,242 aggl., en grande partie protestants) où sè croisent les quatre routes de Florac
(par le Perjuret) au nord-est, Mende (par Sainte-Enimie et le causse Méjean) au
nord-ouest, Millau (par le Rozier) à l ’ouest, le Vigan (par Bramabiau et Lespé-
rou) au sud-est. Jadis elle fut beaucoup plus prospère, et sa principale industrie,
la chapellerie, déchoit de jo u r en jour. — La Jonte y reçoitsla Brèze et le Buté-
zon g tous trois descendent de l’Aigoual.
Meyrueis peut montrer aux étrangers ses magnifiques ormes de Sully (dont le
plus beau, de 5m,60 de tour, a été sacrifié pour l’établissement d’une bascule municipale!!!)
et, dans une. ruelle écartée, une ravissante maison de la Renaissance,
v m N Meyrueis, Acad. de Béziers, décembre 1831, Lettres sur
grottes d eM e y ru e is.dans l e t V I I de 1 ouvrage de B o c h o z : la Nature considérée sam digirenls aspects. Paris,
o n i l , ■ ddoissonnade sur les.grottes de Meyrueis : Bulletin i e 1867, p. 2 6 0 ,
„ . Marches géologiques etpaléontologigues dans les hautes Cévcnnes; Grottes de Trêves et de Meyrueis : Mém. de
lAcad. du Gard pour-1874. Nîmes,-1875, p. 274. - . J . . WÊÊÈtÜ ¡NI Ville et communauté de Meyrueis, publiés par le docteur
Caz alis . Bulletin de 1859, p. 662,.et de 1 8 6 2 , p. 2 6 2 et 489. — Mémoire su r la ville de Meyrueis (xviii° siècle),
par F . André, archiviste : Annuaire de là Lozère, 1 8 8 6 .
V., pour tout ce qui concerne les généralités sur les grottes, le chap. IX : Grottologie.
aux fenêtres bien conservées, propriété de M. Belon, ancien député. —‘La ville eut
beaucoup à souffrir pendant la guerre des Gamisards, qui tenaient leur quartier général
sur l’Aigoual et à Lespérou : elle avait d’ailleurs embrassé le protestantisme.
Les frères des Ecoles chrétiennes ont composé un assez curieux petit musée
local, qu’ils ont enrichi eux-mêmes des produits de leurs fouilles dans les grottes
voisines, ou de leurs récoltes botaniques, zoologiques, minéralogiques, sur les
causses et l’Aigoual. Ils y montrent une des plus grandes têtes connues d’Ursus
spelæus (longue de 0“ ,54).
Les barons de Roquefeuil étaient les puissants seigneurs de Meyrueis, et possédèrent
jusqu’en 1260 tous les fiefs et domaines d’alentour, tels qu’Anduze,
Nant, Saint-Jean-du-Bruel, Peyreleau, Gapluc, Peyrelade, etc. Apparentée aux
maisons de Bourbon, d’Aragon, d’Autriche, de Bragance, d’Armagnac, d’Al-
bret, etc.,, cette très ancienne famille a donné un grand maître à l’ordre de
Malte ; des grands à l’Espagne ; à Lodève, son illustre évêque du x° siècle, saint
Fulcran ; à la marine française, un vice-amiral, etc.
A 2 kilomètres au sud-ouest de Meyrueis, dans le frais vallon du Butézon, le
joli château Renaissance de Roquedols (1S35) vient d’être vendu à une société
industrielle, qui exploite, hélas ! 'les grandioses forêts environnantes : qui sait si
l ’Aigoual ne va pas être dépouillé ainsi de son luxuriant manteau de hêtres et
de sapins ?
De Meyrueis directement, en passant derrière la chapelle de Bon-Secours puis
par le causse Noir et les hameaux de Serigas et Dargilan, on peut se rendre en
1 heure et demie à la grotte de Dargilan (6 kil. de distance, 200 m. d’ascension).
Le long de ce chemin, on prendra une excellente’idée de l’aspect général
des mornes causses !
CHAPITRE IX
LA G R O T T O L O G IE
Grottes e t cavernes. — Stalactites et stalagmites. — Leur formation. — La végétation des
pierresUt— Grottes .à ossements et brèches osseuses. — La g rottologie. — Matériel du g ro tto -
logue. — Bateau démontable d’Osgood.
Les grottes sont « de grandes cavités naturelles qui traversent et divisent
irrégulièrement en tous sens certaines roches solides de l’écorce terrestre, et particulièrement
les roches calcaires *. »
Leur nom paraît n ’être qu’une altération du mot crypta, xpuma, et provenir de
l’habitude qu’avaient les premiers chrétiens de célébrer leurs cérémonies et
d’enterrer leurs martyrs dans des souterrains ou sanctuaires artificiels ou naturels;
on trouve, en effet, dans. les manuscrits de basse latinité, les expressions
crotta, croterium, croutel, etc.
1. J . D e s n o y e r s , Article grottes du .Dictionnaire d’histoire naturelle de b ’O r î j i g n y , 2° édit., t. V I , 1868.