sans le soleil qui l ’illumine radieusement, au contraire, grâce à l ’orientation
en plein sud.
Après un premier étroit paraît le hameau du Villaret, pittoresquement enfoui
dans des bouquets de grands arbres et des baumes ; une maison porte la date
de 1730.
Un haut piton qui se dresse sur la rive gauche portait autrefois le château
de Blanquefort, dont le s débris'se voient encore du bord de l ’eau. Personne ne
parait en avoir escaladé la terrible falaise pour savoir ce qu’il reste des ruines.
Entre deux rapides, regardons un peu autour de nous. Du sentier de la rive
droite, on voit surtout les escarpements de face ; du lit dé la rivière, ils montrent
leur profil, et les dentelures du faîte se découpent mieux sur le ciel, tandis
que les avancées et les rentrants se mirent dans les planiols ; puis l’image se
trouble e t disparaît à l’approche du rapide, pour reparaître un peu plus loin.
Au bord de la rive gauche, la grotte de l 'Ironselle débite une puissante source.'
Le site est charmant, avec ses grandes roches en corniehe, sa fontaine, son
fouillis de verdure; il est célèbre à juste titre et réellement fort bien « composé
». Du sentier on le voit mal : il se perd dans l’ensemble. On n ’aperçoit pas
surtout une amusante aiguille, presque détachée de la paroi, dressée comme
une vedette en pleine rivière et qui, haute d’environ 20 mètres, ressemble à
quelque soldat persan ou gardien de sérail coiffé de son immense et ridicule
bonnet pyriforme !
Nous venons de passer la cote 395 e t, bien loin au sud, à '3 kilomètres et
demi, se profile déjà la fière silhouette du pic de Cinglegros, bastion détaché
du causse Méjean et b a rran t majestueusement la vallée: Pour le piéton, « le
sentier monte et descend suivant les caprices delà roche, qui tantôt s’avance
et se penche vers le Tarn, tantôt recule et escalade la'muraille du causse. Sur
la rive gauche, la gigantesque paroi du causse Méjean, ayant à sa base; un talus
gazonné, porte à son faîte une série de roches ruiniformes de l’aspect le plus
sauvage : château, bastions, donjons, aiguilles, rochers surplomblants, tout cela
rougeâtre, presque rouge, vivement éclairé par le soleil. Entre les deux parois;
mouchetées de vert, coule le Tarn aux eaux transparentes, couleur d’aigue-
marine, ici pailletées d’o r, là blanches d’écume, au gré des ratchs ou des planiols.
« Souvent une grande roche ou des bouquets d’arbres nous cachent la rivière
et masquent les rochers qui la bordent. Nous ne voyons plus alors que le haut
des falaisés se découpant sur le ciel en fantastiques silhouettes; la roche est
trouée, évidée, taillée, contournée ; tours, champignons, forteresses, se multip
lien t; et au milieu de ces bizarreries, que l’on voit mieux du sentier que du
lit du Tarn, circule le sentier de chèvres de la Bourgarié, hameau perché sur le
bord extrême du causse, à 866 mètres. ». (A. L eqüeutre.)
La barque passe sous le Cambon, hameau de la rive droite, couvert de
noyers sur une terrasse de rochers. Le Cinglegros grandit toujours. A gauche,
à 400 mètres en l’air, on aperçoit un lambeau de ciel à travers l’ogive naturelle
du p as de l’Arc {V. p. 88), sous laquelle passe le chemin (?) de la Bourgarié.
Les hautes fortifications des causses deviennent de plus en plus formidables.
Enfin, à gauche," le hameau de la Sablière, pourvu d’une source, et dont les
vieilles maisons offrent un exemple bien rare de constructions très anciennes
se cramponne aux pentes abuptes du Cinglegros, devenu gigantesque. Son
sommet en mitre d’évêque rappelle le Popena des Alpes Dolomitiques et ferait
honorable figure dans la sierra du Monte Cristallo. (V. p. 11.)
« Tandis que le voyageur admire les aiguilles aiguës qui semblent pousser
Sous la Roche Sourde. ||* Phot. Trutat.
sur ses flancs inaccessibles, et le maquis verdoyant dont il paraît couronné, il
voit d’ordinaire un grand oiseau noir passer le long des lianes de ce piton.
C’est là une aire d’aigles bien connue, et le roi des oiseaux fait le tour de son
domaine po u r en éloigner tout envahisseur. En face de ce pic, la rive droite