(Lozère), aux deux tiers de la hauteur du causse Méjeanpelle s’ouvrë largement
sur la vallée de la Jonte, à 280 ou 300 mètres au-dessus de la rivière, au
sommet et presque au bord des magnifiques escarpements dolomitiques qui
encaissent le canon. Son entrée, tournée au levant, mesure 7 mètres de largeur
sur 3 de hauteur; une série de salles et couloirs sans stalactites dignes de
remarque s y développe sur 180 à 200 mètres d’étendue totale et horizontale,
lille ne mérite aucune visite au point de vue du pittoresque.
En 1838, M. Joly (mort en octobre 1888 professeur à la faculté des sciences
de loulouse) trouvait dans cette caverne un assez grand fragment de poterie
COUPE DE LA POCHE DE FABRIC AS
A le ch eU e de_3o fi m illimètre pour o centimetres)
1 Têt&rd'ltrisus .......
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f e « * - Formation artplo -calcaire "
remplaçant la staUufmü&.
P vçm enls de crânes AtOnazins.
-Limite de- lajòrmatìoji arçilocalcaire.
Fouille du. z8A oûtJ88S p a r •
E A . Marte] et L.de Lawta\r. -
G r a n d .
C o u lo ir
^ Ê ^ o l déblayé par
précédents
grossière (fond de /vase) façonnée à la main, peu cuite au feu, mêlée à des ossements
d Ursus spelæus j sur un crâne de ce carnassier il vit, en même temps,
la cicatrice d’une blessure qui paraissait faite avec un instrument tranchant
(silex taillé) ; s appuyant sur ces découvertes, M. Joly émit donc, l’un des pro-
miers, 1 idée que-1 homme avait pu être contemporain du grand ours des cavernes,
et pratiquer dès lors l’art du-potier de terre. La proposition était hardie, et
la note où le jeune savant décrivait Nabrigas et exposait, pièces et démonstrations
en main, sa manière devoir, passa presque inaperçue1. Quoi d’étonnant à
cela, puisqu il fallut à Boucher de Perthes, qui ne devait commencer ses travaux
sur l’homme quaternaire qu’un an après, vingt-sept années de lutte et de persévérance/
pour triompher de l ’incrédulité?
1. BiUiolhèque^universelle de Genève* année 1835,1.1“ , p. 349,
M. Joly ne fut donc pas écouté; les faits eux-mêmes appuyèrent longtemps
les objections. En effet, depuis que les preuves indéniables de l’existence de
l’homme quaternaire se sont accumulées de tous côtés, on a exploité à outrance
le riche ossuaire qui nous occupe; voilà cinquante ans que les fouilleurs s’y succèdent
tous avec bonheur; or, pendant ce demi-siècle, rien de conforme aux trouvailles
de 1838 n ’avait été exhumé de cette fosse célèbre, bien que tout le sol en
eût été bouleversé et que de nombreuses familles à'Ursus en fussent sorties ; dans
aucune grotte de la contrée on n ’avait même recueilli de vestiges de l’homme
paléolithique. Aussi les;conclusions de M. Joly passèrent-elles dans la classe
des conjectures hasardées; aussi MM. Jeanjean1, Trutat, Cartailhac2, l’abbé Cé-
r è s 3, etc., forts de cet argument négatif, en vinrent-ils à nier que l’homme
quaternaire, incontestablement reconnu dans de nombreuses localités françaises
et étrangères, eût jamais pénétré dans la Lozère ni même dans les Cévennes du
Languedoc.
Or les preuves du contraire ont fini par être recueillies, bien tardivement il
est vrai.
En 1883 seulement, une belle hache en silex taillé, rapportée au type de Saint-
Acheul, devint un premier argument contre la négation absolue de l’homme
quaternaire lozérien; elle fut rencontrée par M. le docteur Prunières à la grotte
de la Caze, à côté d’un« fémur gigantesque d'Ursus qui avait longuement suppuré
sans guérir ». Pourquoi cette,blessure n ’aurait-elle pas été faite par une
arme tranchante? Cette fouille donna aussi, paraît-il, quelques menus fragments
humains ; mais M. Prunières, ne les ayant pas extraits de ses propres mains,
n ’osa pas les produire à côté de sa hache, si convaincante : louable excès de prudence,
souvent trop rare chez les fouilleurs.
Ces documents, tout restreints et isolés qu’ils fussent, constituaient véritablement
le commencement de preuve. La confirmation devait se manifester bientôt.
Le-28 ao ù t‘1888, mon ami L. de Launay, ingénieur des mines, et moi, nous
trouvions dans la grotte de Nabrigas, au fond d’une poche vierge de fouilles et
non remaniée par les eaux, une portion de mâchoire humaine avec trois dents,
huit autres fragments de crânes humains, et un morceau de poterie très .grossière4,
en contact immédiat avec les restes d’au moins deux squelettes d I m is
spelæiis. ( V. la figure.)
Il y avait juste cinquante ans que le double problème de l’homme quaternaire
en Lozère et de la poterie paléolithique était posé. Nous ne voulons pas reproduire
ici la controverse soulevée alors par MM. Cartailhac et de Mortillet, ni les
répliques faites : il suffira d’y renvoyer les spécialistes que cela pourrait intére
sse r5.
Depuis notre trouvaille de Nabrigas, on a fait, récemment , des découvertes
semblables en Belgique : elles sont dues à MM. Fraipont (grotte d’Engis), de
Puydt et Lohest (grotte de Spy), èt Braconnier (grotte du Petit-Modave)6.
1. Mémoires de l’Acad. du Gard pour 1872, Nîmes, 1874.
2. Matériaux pour l'histoire de l’homme, 2e série, t. III, avril-mai 1872.
3. Mémoires de la Soc. des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, 15 septembre 1867.
4. Ces pièces sont aujourd’hui au laboratoire d’anthropologie du Muséum d’histoire naturelle de Paris.
5. V. È.-A. Martel et L. de L aunay, Comptes rendus des séances de l’Acad. des sciences, 9 n o v emb re 1885;
Bull. de la Soc. géologique, 7 décem bre 1885; Bull, de la Soc. d’anthropologie, 19 n o v emb re 1885 ; — Cartai-
i.uac, Comptes rendus de l’Acad. des sciences, 23 no v em b re 1885 ; — de Mortillet, l’Homme, 10 avril 1885, n° 7;
— T opinard, Bull, de la Soc. d’anthropologie, 1887, p. 600.
6. V. Archives belges de biologie, Gand,.i887, Mémoire de MM. F raipont et L oiiest ; — Revue d’anthropo