apprit le latin ; à cinq, il faisait des vers en cette langue ; à six, il lisait le.grec et
l’hébreu. Il possédait dès lors les principes de l’arithmétique, de l’histoire, d e là
géographie, du blason, de la numismatique. Montpellier, Nîmes, Grenoble, Lyon,
P a ris, admirèrent ses progrès surprenants et l’étendue de ses connaissances.
Une hydropisie du cerveau l’enleva à sa famille avant sa septième année.
Au pied du causse Noir, sur la rive droite et au bord de la Dourbie, à mi-
chemin entre la Roque-Sain te-Marguerite et Saint-Véran, la belle source du moulin
de Corp (exploité depuis 1406 par une seule et même famille du nom à’André)
sort, comme à Castelbouc, Saint-Chély, l’Aluech, etc., d’une grotte donton ne
connaît pas le fond. Elle a tari deux fois, en 1328 et en 1870. Lors de son premier
arrêt (qui dura vingt-cinq ans), le fermier du moulin intenta au sire de
Montméjean, son propriétaire, un procès tendant à obtenir soit l’affranchissement
de toute redevance de location,'soit la construction d’un nouveau moulin (ce qui lui
fut accordé) sur la Dourbie même. Voici l’intérêt de cette anecdote : au cours du
procès, des experts, commis à l’effet de rechercher si la disparition de l’eau
n ’était pas imputable à un détournement de la source commis par le meunier,
pénétrèrent dans la grotte et y marchèrent pendant trois heures; ils furent
arrêtés, dit le rapport, par un grand lac que retenait un frêle barrage de branchages
et de broussailles mortes; pris de peur, craignant une débâcle qui les
eût noyés sous terre, ils regagnèrent en hâte l’orifice. La hauteur des eaux ne
nous a même pas permis de pénétrer dans la caverne : nous contrôlerons quelque
jour la véracité de ce bien curieux document.
Continuant, après Saint-Véran, à remonter la rive gauche de la Dourbië, on
dépasse, au moulin et au pont de Jouquemerles, le confluent du ruisseau de
Garenne ou R if, descendu des hauteurs du causse Noir. Axs. Moulinets, se détache
à gauche la petite route qui monte à Lanuéjols par Revens. On voit des
exploitations de lignite.
La vallée s’élève de plus en plus (422, puis 442 m .j. De loin on aperçoit le
curieux village de Cantobre, perché sur un cap du causse Bégon à 558 mètres
d’altitude, à l’ombre de gigantesques champignons rochéux et dominant de
100 mètres le confluent de la Dourbie et du Trévesel. Ses maisons sont presque
toutes comprises dans l’enceinte d’un vieux château ruiné remontant au
xie siècle, et rasé en 1660, après que son propriétaire, Jean de Fombesse, eut
subi la peine capitale pour crime de fausse monnaie. La route de voitures qui,
le long du Trévesel, doit rejoindre Trêves et éviter le contour du causse Bégon,
n 'est pas encore terminée.
Nant vient en su ite , gros ch e f-lieu de canton (2,596 habit, la comm.,
1,305 aggl.) sis à 480 mètres. Son église, en partie de l’époque romane, ne manque
pas d’intérêt; la chapelle, romane aussi, de Saint-Alban est sur un roc aride, à
802 mètres d’altitude. Ici aboutit la grande route de Millau (ou de Saint-
Affrique) au Vigan par le Larzac et la Cavalerie. ( F. p. 199). Aux environs, nombreuses
grottes à stalactites; la plus belle, longue, dit-on, de plus de 150 mètres,
s’appelle la Poujade, comme celle de l ’Aluech. Mais la grande attraction des
alentours est la source du Durzon, « rivièrette versée par une fo u x profonde, à
6 ou 7 kilomètres au sud-ouest de Nant, près du Mas-de-Pommier, au fond d’un
cirque dont les parois, qui sont du Larzac, commandent le puits et la source
de plus de 300 mètres ; là s’arrondit un grand gour, un dormant qui ne dort pas
toujours. La petite pluie sur le Larzac l’émeut, et alors il bout légèrement au
cen tre de son gouffre ; la longue plu ie , l’orage, la fonte des neiges, le so ulèvent en
flots h eu rté s comme une cascade re n v e rsé e , et ce n ’est p lu s u n ru isse au m u rm
u ra n t ; c’est u n to rre n t gro n d eu r dans le silence au stère du cirque. » (O. Reclus.)
Le confluent du Durzon et de la Dourbie est à 1 kilomètre au sud du village,
par 481 mètres.
Jusqu’à Saint-Jean-du-Bruel, important bourg industriel de 2,540 habitants
(la comm., 1,311 aggl.), on passe encore au pied des calcaires du Larzac et du
causse Bégon, très écartés au sommet. A S a in t-J e a n (522 m.), la voie se
dédouble : au nord vers Trêves (avec embranchement au nord-est vers Dourbies
et Lespérou), au sud vers le Vigan.
A partir de ce point, la Dourbie n ’est plus encagnonnée; elle coule sur les
schistes et les granits depuis sa source, entre les crêtes du Suquet au nord et
celles du Lingas au sud ; elle double par de sinueux méandres la longueur de
son thalweg. Nous quittons ses rives, d’ailleurs, pour gagner le Vigan, en montant
d’abord une côte raide jusqu’à 793 mètres, où nous nous trouvons au faîte
des Cévennes, entre le flanc du Larzac e t les derniers contreforts du Saint-
Guiral. (F. p. 184.) De l’autre côté de la crête, les-eaux de pluie courent à la
Méditerranée p ar l ’Hérault, la Vis, la Virenque.
A 1,500 mètres de ^istance du col et à 753 mètres d’altitude, nous .traversons
le village de.Sauclières (Aveyron) (651 hab. la comm., 337 aggl.), où une route
venant de Saint-Affrique par le Larzac rejoint la n ô tre ; nous remontons un peu
la Virenque, à sec en été, terrible après les orages; puis, à 800 mètres, nous
enjambons à la fois la limite de l ’Aveyron et du Gard et un étroit pédoncule
qui u nit au Saint-Guiral le petit causse de Campestre, au sud (F. chap. X IV); ce
plateau est complètement entouré par le fossé quadrangulaire que forment les
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Le R a jo l : d rom a d a ir e . — P h o t. G. G au p illa t.