mier puits conique de 33 mètres de 'profondeur seulement, large à sa base de
12 mètres, et suivi d’un deuxième gouffre beaucoup plus allongé que la rg e ,
et creux de 82 mètres; plus bas vient une troisième cheminée, de 18 mètres de
hauteur; le fond de l’abîme, à 116 mètres en dessous de l’orifice, sans plus, s'e
compose d’une crevasse cylindrique remplie d’eau, sorte de marmite de géants
(F. chap. XXI) de 1 mètre de diamètre. Quelques vasques d’eau se rencontrent
à divers niveaux,
Presque à la pointe du causse Méjean on peut, des bords mêmes du Tarn, faire
une course très intéressante, à pied seulement, par des sentiers souvent problématiques,
et plutôt à travers pierres qu’à travers champs.
Immédiatement au-dessus duCambon (S kil. des Vignes, 6 kil. du Rozier), où
la vallée du Tarn commence à s’élargir, la muraille de la rive gauche est plus
déchiquetée que partout ailleurs. Dans cet entassement chaotique, le regard est
attiré par un rocher perforé, indice de quelques nouvelles étrangetés ; si Ton
quitte la gorge pour se hisser sur le causse, la montée, à peu près à pic, est
essoufflante au possible ; mais aussi, quel spectacle inouï! Le roc troué aperçu
d’en bas (F. p. 62) est en réalité un grandiose portail ogival, haut de 10 mètres,
large de 6 ; derrière cette entrée de forteresse, appelée le pas de l’Are, on
débouche soudain dans une enceinte bastionnée véritablement cyclopéenne : des
tours rondes, hautes de plus de 100 mètres et régulières comme des constructions
architecturales, dressent dans l’air leurs masses colossales ; autour de ces donjons
isolés, des courtines délabrées, des redans lézardés, et l’escarpe du Tarn, profonde
de 1,200 pieds, complètent l’illusion guerrière; on dirait les ruines foudroyées
d’un repaire de Titans! Quelque fatigante que soit l’approche de Ces retranchements,
on ne saurait passer au pied sans visiter cette magnificence. Il est d’ailleurs
plus facile d’y accéder par le haut : un bon sentier descend jusque-là depuis
la Bourgarié, hameau perché, à quinze minutes au-dessus, sur le bord même du
plateau. Tout le promontoire sud-ouest du causse Méjean constitue une excursion
superbe : outre le pas de l ’Arc, les deux ravines des Bastides et du Truel,
tributaires de la Jonte, ne sont pas moins bizarrement tailladées que celles du
Tarn. Le signal du mont Buisson (f',069 m. ), entre Saint-Pierre-des-Tripiers
(949 m.) et la Bourgarié (866 m.), est un belvédère remarquable : de cette couronne,
on domine à la fois toute l’étendue des trois tables calcaires qui convergent
vers le confluent de Peyreleau; au bas de l ’Aigoual et de la Lozère s’incline
doucement le désert pierreux ; il n ’y a d’arbres qu’à l’extrémité orientale du
causse, moins âpre que celle de l’ouest; encore les frênes et ormes solitaires, les
maigres bouquets de pins sylvestres, grillés tour à tour par la gelée ou la canicule,
sont-ils presque gris comme le sol ; les moissons jaunes elles-mêmes
perdent leur couleur gaie dans ce tableau chauve ; à 2 ou 3 kilomètres vers
l’est, les deux lèvres des canons bâillent entre leurs dents ébréchées : on sent
l ’abîme que Ton ne peut voir ; l ’ensemble est triste, mais cette Tristesse impressionne
et charme !
Comme variante, la promenade de la Jonte au pas de l’Arc par le ravin du
Truel, le bout du causse et la Bourgarié, avec retour par le mont Buisson,
Saint-Pierre-des-Tripiers, le vallon des Bastides et les Douzes, demande environ
5 à 6 heures de marche. Elle permet de ne pas sacrifier la visite du Rozier;
elle évite la grimpade du Cambon, et elle donne une excellente idée du plateau :
c’est un détour intéressant pour ceux qui montent à Meyrueis en voiture. Mais