fondeur, c’est-à-dire que si bas que l’on suive une faille dans l’intérieur du sol
on ne saurait en trouver la fin. Au contraire, les autres cassures du globe, sans
rejet, ont des limites presque toujours faciles à rencontrer.
Cependant il arrive parfois qu’une faille soit limitée à une certaine couche et
ne traverse pas les voisines ; en outre les érosions souterraines, les glissements sur
des masses argileuses peuvent, par voie d’écroulements, produire des dislocations
qui auront superficiellement l’apparence de failles, mais qui no se .prolongeront
jamais loin dans les entrailles d e là terre. Les vraies failles « s’étendent horizontalement
sur des dizaines et même des centaines de kilomètres, et pénètrent
jusqu’à des profondeurs inconnues. » (Daubrée.)
« Les causes auxquelles est due, en dernière analyse, la production des failles
sont encore assez obscures. Le plus grand nombre paraissent provenir directement
d’un affaissement inégal des différentes parties de l ’éeorce terrestre vers
le centre du globe; cependant on ne saurait nier la possibilité du cas contraire
(soulèvement absolu).
« Les réseaux de failles ramifiées paraissent souvent provenir non de l ’affaissement
direct, mais bien du fendillement général d’une région de l’écorce terrestre,
sous l’influence d’un mouvement de
torsion. » (IlEiMetDEMARGERiE, loco cit.,
p. 44.)
« Le tra it caractéristique qui se
manifeste dans d ’innombrables, fissures
de l’écorce terrestre,, c’est un
B~ - ¡75 ïï— --------- parallélisme qu’on retrouve dans les -
Failles. fractures de toutes dimensions,/ ».
. - . . . " (D axtbuiLk. )i ~ •-
Les ingénieuses expériences de M. Daubrée su r des lames de' verre et' d’autres,
substances, ont démontré que les torsions produisaient deux systèmes de direc-
îons également inclinés sur l’axe de torsion et à peu près perpendiculaires l’un
à l’au tre 1. . 1 1
Le savant professeur en a conclu que les lithoclases avaient joué un rôle prépondérant
dans la direction des vallées; nous verrons, chapitre XXIII, comment
1 aspect des cavernes et rivières souterraines des Causses prouve la justesse
de cette déduction. '
. F ormation d e s ch a în e s d e mo ntagn es . — Au phénomène des cassures se relie
intimement celui de la formation des chaînes de montagnes. '
Voici comment Elie de Beaumont l’a magistralement expliqué dès 18S2 (Notice
sur les systèmes de montagnes).
§ ,F e phénomène lent et continu du refroidissement de la terre occasionne une
diminution progressive de son rayon moyen, et cette diminution détermine, dans
les différents points de sa surface, un mouvement centripète qui, en rapprochant
c acun d eux du centre, l’abaisse par degrés insensibles au-dessous de sa position 5
mi .a e ... Or, le poids de la croûte du globe l ’a tenue constamment appliquée
sur le liquide intérieur. Ce liquide intérieur n ’étant plus assez volumineux pour
pouvoir la remplir et pour la soutenir partout, elle s’est écartée par degrés de la
igure sphéroïdale en se bosselant légèrement. Mais un pareil hossellement ne
% P'\UBKÊ1?’ f ^ i f ! synthétiques de géologie expérimentale., Paris, Dunod, 1879, in-8». — Id Annuaire du
Club alpin français, t . VIII et IX, années 1881 e t 1882. ■ : ’ ammwe M
pouvait avoir lieu sans que les diverses parties de l’enveloppe éprouvassent une
déformation : cette déformation causa des ruptures et des écrasements... En
outre, la tendance de la masse entière à revenir à une figure à peu près sphéroïdale
a fini par réduire l’écorce de la planète à diminuer son ampleur incommode,
p a rla formation d’une sorte de rempli ; Ce rempli prenait la figure d’un fuseau
latéralement comprimé. La formation des montagnes paraît pouvoir s’expliquer
par la compression latérale subite d’un fuseau de l ’écorce terrestre. Los matières
que la compression transversale a forcées à chercher une issue au dehors ont
passé à travers la surface auparavant unie du terrain (comme le doigt à travers
une boutonnière), mais en crevant de bas en haut les assises superficielles, pour
former des intumescences allongées. »
C’est ainsi (comparaison triviale mais parlante) que, dans un fruit trop mûr,
si l’on exerce avec deux doigts une pression latérale sur les bords de la partie
blette, on voit la peau se fendre en longueur et la pulpe gâtée saillir comme à
travers une boutonnière.
Les dislocations du sol sont de deux sortes, : les plis et les cassures-. La Cassure
jîeut n ’être qu’un pli brusquement rompu (voûte effondrée, voussoir brisé) quand
les terrains qu’elle affecte ne sont pas assez souples pour se prêter à la flexion.
« Le refoulement latéral qui tend à faire occuper aux couches un espace horizontal
moindre qu’auparavant a pour effet de les plisser : aussi cette action est-
elle qualifiée de plissement ou ridement. Une coupe parallèle, au seps du refoulement
présentera alors une succession de eourbures alternativement saillantes
(convexes) ou creuses (concaves), dont chacune s’appelle un p li : un pli convexe
est nommé anticlinal (voûte), parce que les couches plongent en sens contraire
à p a rtir du sommet ; un pli concave porte le nom de pli synclinal (fond de bateau),
parce que les couches plongent des deux côtés vers le fond. » (H e im et d e Mar-
g k iu e .)
« Le relief actuel des massifs de roches primitives provient, dans ses grandes
lignes, d’un premier plissement des gneiss, résultant simplement de la difficulté
qu’avait cette première croûte à continuer à s’appliquer sur le noyau in té rieu r
de plus en plus condensé. » (L. d e Launay.)
Dans les pays de montagnes l’influence des phénomènes de dislocation devient
to u t à fait apparente; Les couches stratifiées s’y montrent redressées, plissées,
.parfois renversées sur elles-mêmes, car les dislocations ont pour résultat de diminuer
en projection horizontale l’espace primitivement occupé par les couches1.
Il nous semble qu’on pourrait grouper les chaînes de, montagnes en trois
cla'sses :
Celles que constituent des plissements simples, des sédiments non crevés au
sommet ; elles affectent la forme de dômes ou de croupes arrondies, comme dans
le Jura, par exemple : montagnes de compression;
Celles où la fracture a soulevé une ou plusieurs tranches dé terrain : ce sont
les arêtes des couches brisées et relevées qui deviennent les crêtes des aspérités
; -!il y a alors en général pente douce à l ’extérieur du ridement, et escarpement
à l’intérieur, vers la cassure : montagnes de rupture (mont Perdu, dans
les Pyrénées) ;
.1. Le développement des plis du Jura sur une surface plane donnerait, en projection horizontale, un
accroissement de longueur de 7 kilomètres ; celui des plis des Alpes, un accroissement de 120 kilomètres-
(M. B e r t r a n d , Bail, de la Société de géologie, 3° s., t. XV, p. 239.)