et disparaître dans les fourrés de la rive ; c’est un braconnier de rivière, qui
redoute toujours le déguisement de quelque autorité sous le costume du voyageur.
De i 879 à 1884, les ouvriers occupés à construire le chemin de fer de Monde
ont presque dépeuplé les poissonneux réservoirs que forment les gouffres ou
cabas du Tarn, en se servant de la dynamite.
L’explosion tuait tout dans un rayon de 10 à 1S mètres.
Il faudra plus de dix ans pour réparer le mal.
Comme espèces, le Tarn possède : 1° la truite franche ; 2° la truite saumonée ;
3“ le barbeau; 4° le cabot; 8° la vandoise ; 6° Tablette; 7° le goujon ; 8° le chabot;
9° la loche ; 10° le véron ; 1 1 ° l’anguille, assez rare, mais y parvenant à de belles
grosseurs.
L’écrevisse y abonde aussi. Mais les pêcheurs ne s’en occupent pas, ne pouvant
écouler ce produit dans la région.
La truite saumonée est bien moins répandue dans le Tarn et bien moins grosse
que dans l’Hérault, où il n ’est pas rare d’en pêcher du poids de 2 kilos.
Dans les eaux vives, fraîches et claires de la région des Causses, la truite
atteint une finesse de goût sans égale; aussi constitue-t-elle un des principaux
éléments de l’alimentation locale, et mrvrai régal pour l’étranger.
Il n ’ëst point de pauvre auberge riveraine où l’on ne soit sûr de trouver toujo
u rs ce mets délicat ; et quand la chasse est ouverte, le gourmet est tout surpris
de rencontrer menu soigné dans les plus petits villages des Causses.
CHAPITRE XXVI
LA. P R É H IS T O IR E ET L E S F O U IL L E S DU DOCTEUR P R U N IÈ R E S 1
Pierre p o lfe 'e t pierre taillée. — L’h i a t u s . . L e s cavernes de l’Homme-Mort et des Baumes-
.Chaudes. — Les conclusions de Broca et de M. de Qua'trefages - Les troglodytes et .les
dolméniques. sï" L’invasion et l ’absorption. — "Controverses. La trépanation préhistorique,
— Dolmens et tumuli.
Ce n ’est pas seulement par ses beautés naturelles que la Lozère peut aspirer à
la célébrité : un autre ordre de curiosités contribuera à porter au loin le renom
du département reculé qui fut, jusqu’à ces dernières années, considéré comme le
moins favorisé de France. Je veux parler des recherches et découvertes scientifiques
qui relèvent de \;î préhistoire.
On sait que la préhistoire est cette science toute jeune, fondée par Boucher de
Perthes, entre 1836 et 1863, officiellement reconnue depuis vingt-cinq ans à
peine, et consacrée à l’étude des populations humaines antérieures non seulement
1. Par suite de l’addition de plusieurs grandes gravures et des résultats de notre campagne de 1889, au cours
de l’impression de ce volume, les chapitres XXYI et XXVII ont dû être considérablement raccourcis, et
les tables supprimées.
à toute, tradition historique, mais encore à toute légende héroïque. Déterminer
et recueillir les ossements de l’homme' et les objets travaillés par lui dans les
terrains qui appartiennent à une époque géologique antérieure à la nôtre,
prouver la contemporanéité de ces débris humains et des animaux quaternaires
aujourd’hui anéantis,' établir les caractères distinctifs des races primitives,
trouver au fond des lacs et sous les dolmens des armes et des ustensiles dénotant
déjà un degré de civilisation avancé, obtenir ainsi des transitions ménagées
pour arriver jusqu’aux âges historiques, démontrer que les plus antiques dynasties
d’.Egypte, de Chine et d’Assyrie sont moins vieilles que l’homme des cavernes,
en deux-mots chercher quel âge géologique il faut assigner à l’espèce
humaine, enfin reconstituer, à l’aide d’un os et d’un silex, le modus vivendi de
cès peuplades âgées de mille siècles et plus, pour lesquelles le livre de l’histoire
n était pas encore ouvert, voilà ce que fait la préhistoire : le nom de cette science
explique son but.
Lès temps antéhistoriques ont été partagés en âges des métaux et âges de la
pierre. Les premiers, subdivisés
en âges du fér, âge' du
bronze et même âge du cuivre
(?), touchent de bien près
aux héros d’Homère, aux anc
ê tre s des Celtes, etc,', et certaines
traditions religieuses
ou mythologiques prétendent
nous faire connaître l ’inventeur
des métaux. La Genèse
(chap'. rv, § 22) ne nous cite-
t-elle pas Tubalcaïn, un descendant
de Caïn, comme le
premier homme « habile dans
tous les ouvrages de fer et
d’airain »? Les ères antérieures
nous montrent quelque
(Elephas primtgenius).
chose de tout différent, une antiquité bien plus reculée, une époque où l’homme
n ’avait d’autre instrument tranchant qu’une pierre dure façonnée et aiguisée,
le silex. Là aussi il y a une subdivision : la pierre polie et la pierre taillée.
A l’époque de la pierre polie ou époque néolithique (pierre nouvelle), nos aïeux,
déjà instruits par l’expérience, savaient, au moyen du frottement, donner à
leurs haches de silex ce poli inimitable qui fait l’admiration des archéologues f
alors ils habitaient les cavernes, ou des villages bâtis sur pilotis dans des eaux
calmes peu profondes (palafittes des lacs suisses) tourbières et Kjoekkenmoeddings
[déchets de cuisine] du Danemark, etc.), ils ensevelissaient'leùrs morts d’abord
dans les grottes et plus tard sous les dolmens, ces monuments mégalithiques (en
grandes'pierres) faits d’énormes dalles, connus de tout le monde, si abondants
en Bretagne et considérés longtemps comme des autels de druides; ils connaissaient
l’usage des tissus, des ornements, le tour du potier, les animaux domestiques,
les instruments aratoires, etc. La guerre et l’esprit de conquête avaient
remplacé là chasse et la lutte pour l ’existence contre les fauves redoutables.
Mais à celte époque néolithique vivaient les animaux mêmes qui nous nourrisMammouth