peroxyde de fer anhydre ou fer oligiste. Cette argile, très peu plastique, est
généralement à cassure lisse et conchoïde ; elle tache fortement les doigts et est
utilisée dans c pays comme sanguine, pour marquer les moutons. La richesse
en alumine indiquée par l’analyse montre qu’elle con lient en proportions notables
de la bauxite ou hydrate d’alumine ; seulement cette bauxite n ’est pas isolée en
grains, comme dans certaines argiles éruptives, mais paraît plutôt disséminée
«ans la masse, et lui imprime une partie de ses caractères.
« Parfois l’argile s’est épanchée à la surface supérieure des terrains et s’v est
répandue en nappes. On voit alors l ’argile devenir huileuse, légère et comme
sconhee ; en cet état elle contient de nombreux grains d’hydroxyde de fer pisoli-
thique.. » ( F abre, Matériaux, 1 ” note.)
La composition de l’argile ferrugineuse, tout à fait indépendante de celle du
sous-so est la suivante, d’après l’analyse faite par M. Paul de Gasparin d’un
échantillon de terre rouge recueilli sur le causse de Campestre (Statistique géologique
du Gard, p. 630) : ,y
S ilic e .......................... ........................... , ,
Alumine .-.................. ‘ " ¿4 ’¡g
Sesquioxyde de f e r ...................................... ............................ 2162
Carbonate de e h a u x ........................... ’ t..................
Substances non dosées ..........„................................... .. .......................... g’g^
T o ta l . . . , , . . . . . . - . ...................... 100,00
« La terre des Causses et des Garrigues est due généralement à des émissions
geysériennes, à des espèces de volcans de boue qui déversèrent en .tous sens des
matières siliceuses et ferrugineuses, remaniées plus tard p a rle s eaux et déposées
sur tous les bas-fonds et les crevasses des roches oolithiques. Telle est aussi
1 origine des phosphorites que l ’on trouve dans les cavités des calcaires oxfor-
diens et coralliens des départements du Gard, de l ’Hérault, du Tarn-et-Garonne
du Lot et de 1 Aveyron. » (Jean j e a n , la Géologie agricole, 4887, in-8°, p. 30.)
Aux failles et filons à bauxite est subordonnée une curieuse brèche de calcaire
blanc lithographique, dont le ciment est une bauxite rouge, très dure et inaltérable
à l’air. M. Fabre place le moment de l’ouverture de ces fentes au milieu
de la période crétacée et pense que leur remplissage, c’est-à-dire l’émission
des bauxites, a pu se prolonger ju sq u ’au début de l’époque tertiaire.
Ainsi s'expliquent encore « Torigiiie et le gisement primitif des masses de
ter hydroxydé qu’on trouve partout éparses à la surface des Causses ». Ce sont
les pisobthes ferrugineuses de l’argile à bauxite, agglomérées en rognons d’hématite
brune (limomte), dégagées de leur gangue et arrachées aux filons-failles
p a r le ruissellement. Avant le déboisement des Causses, on utilisait ces minerais,
comme le prouve la découverte de scories de fer amoncelées, de creusets
en terre cuite et de forges à la catalane faite sur le causse Méjean, entre Carnac
et la Parade, et due à M. Poujo.l (de Meyrueis). M. Fabre en fait remonter
1 âge aux Sarrasins seulement1.
« Les dépôts de phospliorite ou phosphate de chaux, si répandus dans le
Quercy (Lot), constituent un ensemble très analogue, à beaucoup d’égards,
à la formation sidérolithique et paraissent, comme elle, appartenir, au moins
1. Matériaux, etc., 6' et7ç> note.
en majeure partie, à l’oligocène inférieur. Ces dépôts occupent des fentes dans
les calcaires jurassiques...
« Les ossements sont surtout abondants au milieu des argiles ; des reptiles,
batraciens et ophidiens, ont été transformés en phosphate, y compris les tissus
mous ; il a dû y avoir substitution rapide, à température peu élevée, dans des
eaux d’une faible acidité.
« Quant au mode d’enfouissement des vertébrés dans les fentes à phosphate, il
paraît avoir été immédiat, sans doute sous l'influencé de vapeurs nuisibles qui
asphyxiaient les animaux venus pour se désaltérer aux sources ; car de nombreux
squelettes sont entiers, et ni les os des ruminants ni ceux des rongeurs n ’offrent
de traces d’incision par la dent des nombreux carnivores auxquels ils sont
associés.
« Les poches sont très variables-. Il y en a qui ont 35 mètres de diamètre ;
d’autres, comme celle de Pindaré, sont des crevasses de 3 à 6 mètres, se poursuivant
en ligne droite sur 90 mètres.
« Les directions dominantes sont est-nord-est et ouest-nord-ouest. Toutes les
poches connues se terminent en pointe dans la profondeur, tandis qu’elles
s’évasent près de.la surface1. »
Nous n ’avons rien de particulier à dire du crétacé et du tertiaire, qui pénètren
t à peine les Cévennes vers Ganges ; mais les éruptions volcaniques de
basalte pliocène méritent une mention2.
Les coulées de l’Aubrac (F. p. 281) ne sont pas les seules manifestations
du feu central produites dans les Causses et les Cévennes,
« Il existe dans le département de l’Hérault plusieurs lambeaux volcaniques
irrégulièrement distribués aux environs de Montpellier, de Pézénas, de Lodève.
et de Bédarieux... Les terrains volcaniques de Lodève sont de beaucoup les
plus intéressants... Ils occupent-des espaces considérables entre Lodève, Bédarieux
et Clcrmont-lTlérault. Le plateau d’Antignaget (Larzac, vers la Source
d e l’Orb), qui s’étend depuis la terre de Pertus ju sq u ’à la forêt de. Guilhomard, a
au moins 2 lieues de long, et sa superficie est presque partout revêtue d’une
nappe de prismes basaltiques. Ce vaste plateau n ’est pas le produit d’une seule
et même émission volcanique; on voit, de distance en distance, les filons de
basalte s’élever en gerbes à travers le--calcaire jurassique et se répandre à sa
surface... Entre Bédarieux et Clermont, le basalte forme des filons puissants
qui, après avoir traversé le terrain de grès bigarré et le lias, se répandent en
une nappe épaisse à la surface de ce dernier. » (D ufhénoy, Explication de la
carte géologique de la France, t. III, p. 273.)
Sur le Larzac, entre le pàs de l’Ëscalettè et lé Mas-Raynal, vers la Font-
d’Orb, les champs sont couverts de débris basaltiques, et la terre, décomposée
par l’éruption, est toute noire et rousse sur de grandes surfaces.
Les basaltes qui forment la chaîne de l’Escandorgue sont continus sur une
longueur qui n ’est pas moindre que 35 kilomètres. Le dernier volcan de France
est, près d’Agde et de la mer, à l’embouchure de l’Hérault, le p ic Saint-Loup,
h aut de 115 mètres; qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme (oxfordien)
de Saint-Martin-de-Londres. (F. p. 226.)
1. F iliiol, Annales des sciences géologiques, 1876.
2. V. P o u l e t t - S c r o p ë , Géologie.et volcans éteints de là France centrale, trad. Vimont ; Paris, 1864, in -8 °, et
t. V des Mémoires de VAcadémie de Clei'mont-Ferrand, 1863.