« Les grottes de Tastevin, de Chassagne, d’Augustin Cornut, de Fahre, de
Cornut l’aîné, de Champetier, du Boureli, de la Gleyzasse, de Nègre, de la De-
naille, de Boissin, de M Chanac, des Barres, située sur la rive gauche du
Chassezac, dans les falaises de Casteljau, et enfin celle des Chouans, ont fourni
des poteries de fabrication très ancienne, des instruments en silex, en os. »
(P. d’A lbigny.)
Un dernier quartier, si fourré, si épineux, si inextricable, que les pâtres
mêmes évitent de s’y aventurer, est celui du bois de Gagniet.
« Ici, ce ne sont plus des ruines de temples, aux formes tranquilles et majestueuses;
c est un immense labyrinthe, enfoui sous une végétation merveilleuse.
D’étroites rues montent et descendent tour à tour dans un demi-jour tamisé par
la frondaison des grands arbres. Il faut avoir passé sa vie dans Ce dédale pour
marcher sans hésitation comme le fait Miquel. Ici, la roche s’élève en falaise; là,
elle forme des ponts, des arceaux, des tunnels. Souvent les strates dures seules
ont résisté aux agents atmosphériques, et sur un étroit piédestal s’élève un chapiteau,
ici, la roche forme abri ; là se montre un tout petit « bout du monde » ;
tout cela plein de verdure, de soleil ou d’ombre transparente. Parfois nous nous
rapprochons du Chassezac, trouvant çà et là, sur le bord de la falaise, haute de
80 mètres, des blocs de grès jaunâtre, semblables à ceux du lit de la rivière et
égarés là on ne sait comment, paraît-il.
« Plus loin, il semble qu il y ait eu effondrement; le dédale se change en chaos ;
on se trouve au bord de gigantesques fissurés, au fond desquelles sont des obélisques,
des tables, des ponts, tout cela en abîme et rempli de ronces, de plantes,
d arbustes. Nous passons sur de grandes tables, évitant avec soin les fentes et
sondant le terrain; puis, franchissant une roche en portail, longeant une ruelle,
traversant des ruines, nous arrivons au Salon, salle de verdure où des roches se
dressent éparses au milieu de pelouses garnies de grands arbres. Puis ce sont des
monolithes : la Religieuse, la Femme de Loth, des assises supportant des aiguilles
couronnées d arbustes; dans la paroi d’un énorme bloc s’ouvrè une fente dans
laquelle a été placée une statuette de la Vierge, vénérée dans le pays; pourtant,
depuis longtemps les ronces qui gardent l’abord de ce petit sanctuaire n ’ont pas
été coupées, et aujourd hui il est presque difficile d’atteindre le seul point d’où
l ’on puisse voir entièrement la statue.
« Bafraîcbis et reposés, nous traversons le bois des Rages. Peu à peu les roches
deviennent moins hautes, les arbres chétifs et plus clairsemés ; de maigres taillis,
des buissons, leur succèdent, et bientôt; sortant du Bois-de-Païolive, nous entrons
dans le désert de pierres blanches, peuplé de dolmens, qui descend vers Berrias. »
(A- L e q u e u t h e .)
On reprend le.chemin de fer à Saint-Paul-le-Jeune ou à Berrias-Beaulieu, pour
le quitter bientôt à Buoms-Vallon, station toute proche, vers le nord.
Car il faut visiter, à Ruoms, Bétonnante cluse ouverte par l’Ardèche dans les
calcaires, cluse que la route de Largentière remonte par une alternance de corniches
et de tunnels et que la gravure (p. 417 de la France d’Élisée R eclus, t. II
de la Géographie universelle) représente admirablement bien.
Près de Vallon se trouve le célèbre pont d’Arc et commence la gorge de l’Ardèche
, long canon superbe à descendre en barque, même après celui du Tarn, qui
•froL?! let ^ derrlcanni d‘s'.CiDmes> e t Paul d ’A l b i g n y ; Exploration de la vallée de l’Ardèche Ve edit., 1880, 74 p. ; 2° edit., 1887,101 p. ' ; Privas, in-8»
BOIS-DE-PAIOLIVE ET MONT MÉZENC 289
eât de proportions doubles. Mais depuis longtemps l’Ardèche est révélée, et nous
n ’avons rien à ajouter ici de nouveau sur ce point.— De même, pour les volcans
de Vais et leur environs, il suffit de renvoyer aux cinq excellents petits volumes
du docteur F ran cu s1, etc. J ’observe toutefois que la plus belle colonnade basaltique
du Vivarais descend de la coupe de Jaujac, le long du Lignon. Celles de
la coupe d’Aizac et de la Volane, trop vantées par Faujas de Saint-Fond et plus
connues grâce au voisinage de Vais, sont seulement les lambeaux épars, d’une
coulée érodée2;. celle de Jaujac, au contraire, se dresse intacte, et haute de 30 à
SO mètres, sur S kilomètres de parcours.
Les excursions autour de Vais sont difficiles à combiner pour les touristes
Chapell'e Saint-Eugène. — Phot. Violet.
(Cornmùniqué par lé Club alpin.):
pressés qui veulent tout voir. Je crois utile d’indiquer, comme le plus rapide et le
plus complet, l’itinéraire suivant :
1 " jour. — Vais, vallée de la Volane, Antraigues, coupe d’Aizac, vallée de la
Bezorgues, signal de Sainte-Marguerite, Nieigles, Pont-de-la-Baume et confluent
des coulées basaltiques, Prades : 30 à 38 kilomètres, huit à neuf heures de
marche.
2° jour. — Prades et ses grès houillers3, curieusement juxtaposés aux produits
volcaniques, coupe de Jaujac, colonnades du Lignon et gravenne de Soulhiol
(fatigantes à cause de l’absence de chemin), Neyrac, Thueyts (hôtel du Nord) et
l ’échelle du Roi, gravenne de Montpezat, château de Pourcheirolles, Montpezat
(hôtel Bertrand), 28 à 32 kilomètres, sept à huit heures de marche.
1. Dr F r a n c u s , Voyage aux pays vokuniquls du Vivarais ; Autour de Privas ; .4 ulour du canton de Valqorae etc
Privas, Roure, 1878 et années suivantes, 5 vol. in-12.
2. V. L y e l l , Éléments de géologie, t. II, p . 3 0 3 . — La planche de Faujas de Saint-Fond, représentant la
coupe d Aisa (sic) (Recherches sur les volcans du Vivarais, p. 298), est un chef-d’oeuvre de fantaisie Celle de
Poulelt-Scrope (Géologie et volcans éteints de l’Auvergne, p. XXIX, pl. XV) n’est guère plus fidèle : le lac du
premier plan n’existe absolument pas.
3. V. D u f r é n o y , et E. d e B e aum o n t, Explication de la carte géologique, t. I er, p. 554, .