lien Dumas avait donc raison quand, dès 1840, il écrivait : « Nous n ’avons rencontré
dans les Cévennes, au-dessus du coral-rag, aucune assise qu’on puisse
assimiler aux groupes kimmeridgien et porllandien. » (Constitution qéoloqique
des Cévennes.)
« Quelle est la cause de cette lacune? L’absence des étages kimmeridgien et
portlandien dans les Cévennes ne saurait être attribuée à des dénudations car
elles auraient laissé des points de repère, comme il en existe pour le coral-rag.
Il faut chercher cette cause, croyons-nous, dans les oscillations ascendantesj
d’abord, qui ont émergé les dépôts,coralliens pendant toute la durée des époques
kimmeridgienne et portlandienne, puis dans les mouvements lents d’abaissement
qui ont eu lieu à la fin de la période jurassique et ont permis à la mer crétacée
d’envahir une partie des basses Cévennes. V ( J eanjean,' Oxfordien supérieur,
corallien et néocomien des Cévennes : Association française pour l’avancement des
sciences, Montpellier, 1879.)
Nous nous garderons bien de prendre p a rti1.
Après ces généralités sur les couches successives des formations secondaires,
feuilletons un peu les descriptions et coupes locales.
M. Fabre a relevé l’erreur de la carte géologique de France de Dufrénoy et
et d Elie de Beaumont, qui indiquent comme granitique le plateau entièrement
jurassique du causse de Montbel; il a 'en outre reconnu l ’existence de l ’infra-lias
et du lias au nord de la montagne du Goulet, entre les sources de l’Ailier et du
L o ts.
La coupe du causse de Montmirat (Fabre) présente un intérêt particulier,
comme s appliquant à peu près à tout le bassin du Yaldonnès (causse de Bal-
duc, etc). La voici :
Lias inférieur.
Liasien.
[ Arkose. — Grès.,— Calcaire capucin.
In fr a -lia s ............. J Le calcaire bleu à Ammonites planorbis manque.
, Calcaires blancs magnésiens et cargneules; épaisseur, 110 mètres.
-Manque.
Calcaire à Gryphæa obliq., 30 m è tre s.':
— cymb., 30 mètres.
Calcaires et marnes a Ammonites fimbriatus, 100 mètres.
Schistes bitumineux, 10 mètres (à posidonies, marnes bleues, 100 mètres).
( Calcaire bleu marneux (à fucoïdes), 130 mètres.
Toarcien ,
Bajoeien................ ( Calcaires à entroques, 50 mètres.
| Dolomie ruiniforme jaune , 110 mètres»
Bathonien . . . . . . . Calcaires,blancs.
Au sud de Mende et dans le bassin du Valdonnès, M. Fabre encore a complété-
comme il suit la coupe précédente3 :
Le jurassique a 500 mètres d’épaisseur. — Il manque la zone à Ammonites p la norbis
de 1 hettangien (infra-lias), la zone à Gryphæa arcuata du sinémurien(lias
inférieur) et tout le jurassique supérieur, ainsi que le corallien ; le bathonien est
très épais ; le callovien et l’oxfordien sont fort minces. Il y a récurrence des
. 1 . V. D e S a r r a n d ’A l l a r d , Bull, de la Soc. géologique, 3e série, t. IX, p. 552, 1881 ; — Dumas, V é la in ,
C o q u an d , de S a r r a n , B o u tin , H é b e r t, d e R o u v ii.le , T o r c a p e l , dans le Bull, de la Soc. géologique,t3 m ai et
15 nov emb re 1869, 2« s é rie , t. XXIX, p . 687 ; 3“ série , t. II, p. !60.;
2. Matériaux, etc., 2» n o te : Bull, de la Soc. géologique, 2« sé rie , t. XXIX, p. 425. .
3. Bull, de la Soc. géologique, 3e série , t. III, 432.
niveaux magnésiens (dolomies) dans l ’infra-lias, le bajoeien et le bathonien. Le
lias, argilo-calcaire surtout, est une fertile terre à froment; les plateaux ooli-
thiques, au contraire, sont stériles.
Voici la superposition générale des strates :
T lnf-r a-,lms.......... \ Rhetien.- . . . . . . . ! H ■( Hettangien. . . :. Inférieur Sinémurien.............. .
Moyeu». . . . L ia s ie n ...........
| S u p é rie u r.. Toarcien.............
[ Oolithique i ^ . .
Oolithi. que \J .in.f.é.ri eur. ( Bajoeien..............
inférieur.. \ Gran(Je - .
f Bathonien...........
\ oolithe. )
Oolithique l i ) P r i e u r . Callovien.
{ 1 1 Moyen . . . Oxfordien.
moyen, (wj Supérieur. Argovien.............
Calcaires capucins. — Arkoses. .
Calcaires jaunes. — Cargneules.
Calcaires S encrines. — Zone à Gryphæa obliq.
Calcaires et marnes. — Zone à Gryphæus cÿm.
Calcaires bruns, Ammonites fimbriatus, am m o-
( nite marg.-
Marnes et schistes bitumineux.
/ Calcaires à fucoïdes.
J Calcaires à entroques.
( Dolomies caverneuses. :
l Calcaires blancs. — Dolomies; de 120 mètres
( d’épaisseur.
Zone à Ammonites polyplocus. :
Les causses de Sauveterre, Méjeah, Noir et du Larzac, où les canons ont pratiqué
tant d’admirables coupes naturelles, sont essentiellement jurassiques. Ils reposent
-sur le-lias, au sommet duquel jaillissent les sources ; toutefois le Tarn, la Jonte,
la Dourbie, ne coulent sur le toarcien même qu’en des points très limités de leurs
cours (Ispagnac, les Vignes, Meyrueis, Peyreleau, Nant, Millau). Le lias n’est
découvert en larges surfaces qu’aux environs de Mende et sur le flanc sud-
ouest du Larzac, de Millau à Lunas. Le bajoeien et le bathonien, épais de 300 à
800 mètres, se composent d ’une alternance de calcaires compacts, de calcaires
marneux et de dolomies dont la puissance n ’est pas partout la même. Il y a généralement
deux zones de dolomies escarpées : l’une inférieure (bajoeien), haute de
80 à 100 mètres au bord même des rivières, contenant les galeries inconnues des
sources (les Douzes, Saint-Chély, Castelbouc, etc.); l’autre supérieure, séparée
de la précédente par 100 à 300 mètres de calcaires en talus, haute elle-même de
100 à 200 mètres, très élevée au-dessus des rivières et formant le plus beau et le
principal rempart continu des canons. (F .'l a gravure p. 109.) — Le callovien,
peu épais, est très constant, comme l’a reconnu M. Fabre, et forme un précieux
horizon d’ammonites. Il se distingue par sa disposition en corniche.
« Cette corniche qui surmonte toujours lés dolomies bathoniennes, et aussi le
contraste curieux qui existe entre les bancs réglés de l ’oxfordien et les rochers
massifs du bathonien, sont les deux traits distinctifs du profil des escarpements
des Causses. » (G. F abre.)
L ’oxfordien, en effet, apparaît presque toujours en strates de calcaires gris, peu
épaisses, disposées en retrait l’une au-dessus de l ’autre, comme les marches d’un
escalier. Il couvre presque toute la surface des quatre grands Causses : c’est
la désagrégation de ces assises en petites plaquettes compactes et anguleuses
qui rend si pénible la marche.dans les « déserts de pierres ».
Sur le causse Méjean, le Mas-Saint-Chély, le Buffre,Jes Avens, Hures, sont au